Ces personnes ont été arrêtées arbitrairement le 17 janvier 2019, après avoir été menottées et, semble-t-il, battues par la police et des agents de l’immigration au camp de réfugié·e·s de Maratane, dans la province du Nampula (nord-est du Mozambique). Deux jours plus tard, elles ont été transférées à un poste de police de Pemba, dans la province de Cabo Delgado. Jusqu’à présent, elles n’ont pas été informées des raisons de leur détention prolongée.
« Il est scandaleux de maintenir ces personnes réfugiées et demandeuses d’asile en détention sans leur indiquer le motif de leur arrestation. Ce type de traitement est inexcusable, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique australe à Amnesty International.
« Il faut que les autorités mozambicaines mettent fin à ces détentions arbitraires en libérant immédiatement les personnes concernées ou en les inculpant d’une infraction dûment reconnue par le droit international. »
Après l’arrestation de ces personnes, le Mozambique a tenté d’en expulser sept vers la République démocratique du Congo (RDC) le 23 janvier. Cependant, les agents de l’immigration congolais leur ont refusé l’entrée sur le territoire à l’aéroport international de Kinshasa et les ont renvoyées.
Selon les hommes expulsés, les agents de l’immigration à Kinshasa ont affirmé que les documents de voyage d’urgence que les autorités mozambicaines leur avaient délivrés ne prouvaient pas leur nationalité congolaise.
Les agents de l’immigration de l’aéroport international de Kinshasa ont soutenu également que les intéressés ne pouvaient pas rentrer chez eux, dans la région du Kivu, en raison de l’instabilité politique et de l’insécurité croissantes à l’approche de la nouvelle investiture du président Félix Tshisekedi, qui devait avoir lieu le 24 janvier. En retournant au Mozambique, ces hommes ont été détenus trois jours à l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi (Kenya) en attendant d’embarquer sur un vol pour Pemba.
Le 26 janvier, ils sont arrivés à Pemba, dans le nord du Mozambique, et ont été ramenés au poste de police n° 3. Le tribunal provincial de Pemba doit encore se prononcer sur la demande de remise en liberté provisoire des 16 personnes réfugiées et demandeuses d’asile.
« Il faut que les autorités mozambicaines cessent de traiter les personnes réfugiées et demandeuses d’asile comme des criminels. Leur détention illégale discrédite les mécanismes internationaux destinés à protéger ces personnes », a déclaré Deprose Muchena.
Complément d’information
Les 16 personnes réfugiées et demandeuses d’asile sont actuellement détenues au poste de police n° 3 de Pemba. Elles ont indiqué ne pas recevoir suffisamment de nourriture ni les soins médicaux dont elles ont besoin ; elles ont même été privées de nourriture pendant 25 jours de suite et ont dû payer des personnes pour leur acheter du pain.