Mozambique, Un journaliste probablement victime d’une disparition forcée

Mozambique

Les autorités doivent agir pour retrouver Ibrahimo Abu Mbaruco et enquêter sur le rôle des forces de sécurité

Les autorités du Mozambique doivent retrouver d’urgence un journaliste porté disparu depuis le 7 avril 2020 dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du pays, ont déclaré Human Rights Watch et Amnesty International vendredi 17 avril. Juste avant de « disparaître », Ibrahimo Abu Mbaruco a envoyé un SMS concernant la présence de militaires près de sa maison dans la ville de Palma, ce qui laisse craindre qu’il n’ait été victime d’une disparition forcée.

Journaliste à la radio locale Palma Community Radio, il rentrait chez lui en fin de journée le 7 avril quand il a croisé un groupe de militaires, a indiqué son frère. Il a envoyé un SMS à un collègue vers 18 heures, en lui demandant de l’appeler parce que les militaires le harcelaient. Cependant, lorsque son collègue a tenté de le rappeler, il n’a eu aucune réponse.

« Les autorités du Mozambique doivent prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour retrouver Ibrahimo Mbaruco et faire en sorte qu’il soit libéré sain et sauf »

« Il semble qu’Ibrahimo Mbaruco ait été victime d’une disparition forcée, ce qui est très préoccupant compte tenu du fait que les forces de sécurité mozambicaines ont dans le passé déjà détenu illégalement des journalistes, a déclaré Dewa Mavhinga, directeur pour l’Afrique australe à Human Rights Watch. Les autorités du Mozambique doivent prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour retrouver Ibrahimo Mbaruco et faire en sorte qu’il soit libéré sain et sauf. »

Aux termes du droit international, on parle de disparition forcée lorsqu’une personne est arrêtée et détenue par des représentants de l’État ou leurs agents et que ceux-ci refusent de reconnaître la détention ou de révéler où se trouve la personne en question, ou ce qu’il lui est arrivé. Les disparitions forcées violent un certain nombre de droits humains fondamentaux, parmi lesquels l’interdiction des arrestations et détentions arbitraires, celle des actes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, et celle des exécutions extrajudiciaires.

Des combats ont lieu dans la province de Cabo Delgado depuis octobre 2017, lorsqu’un groupe armé islamiste connu localement sous le nom d’Al Sunna wa Jamaa ou d’Al Shabab a attaqué un poste de police à Mocimboa da Praia. Ce groupe armé a depuis mené plus de 350 attaques, provoquant le déplacement de plus de 115 000 personnes. Les forces de sécurité menant des opérations contre lui ont elles-mêmes été impliquées dans de graves violations des droits humains, notamment des actes d’intimidation, des arrestations arbitraires et des mauvais traitements infligés à des détenus.

La disparition forcée d’Ibrahimo Mbaruco a eu lieu alors que de plus en plus d’informations indiquent que les forces de sécurité mozambicaines continuent à harceler, intimider et détenir arbitrairement des journalistes couvrant les combats entre les forces gouvernementales et le groupe armé.

Le 14 avril, des policiers ont arrêté Hizidine Acha, un journaliste travaillant pour SOICO, le plus grand groupe de médias privé du Mozambique, et l’ont maintenu en détention pendant deux heures pour le forcer à supprimer des images sur son téléphone et son appareil photo. Ces images montraient, semble-t-il, les policiers en train de frapper des personnes. Cité par le site d’information Zitamar News, un porte-parole de la police aurait déclaré qu’Hizidine Acha avait été détenu temporairement car il ne s’était pas identifié comme journaliste avant de prendre en photo les policiers.

Le 5 janvier 2019, la police a arrêté Amade Abubacar, un autre journaliste, dans le district de Macomia parce qu’il enquêtait sur les attaques commises par des groupes armés contre des civils dans la province de Cabo Delgado. Deux semaines après, le 18 janvier, les forces de sécurité ont arrêté Germano Adriano, journaliste de la station de radio et chaîne de télévision locale Nacedje. Amade Abubacar et Germano Adriano ont été détenus pendant trois mois sans inculpation, puis ont été libérés sous caution.

Depuis 2018, Human Rights Watch et Amnesty International ont relevé de nombreux autres cas où les forces gouvernementales ont empêché divers organes de presse et leurs correspondants de visiter la province, tandis que les forces de sécurité ont détenu ou arrêté sur la base d’accusations fallacieuses des journalistes arrivés sur place.

« Les journalistes mozambicains ne devraient pas vivre dans la crainte d’être arrêtés ou enlevés parce qu’ils font leur travail, a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe. Le gouvernement doit enquêter sans délai de manière approfondie, transparente et efficace sur la disparition forcée d’Ibraimo Mbaruco. Les autorités doivent prendre des mesures d’urgence pour empêcher les forces de sécurité de harceler et d’intimider les journalistes, et les responsables présumés de tels agissements doivent être amenés à rendre des comptes. »

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