« La vidéo devenue virale montrant des soldats en train de brûler des cadavres est une nouvelle horreur qui offre un aperçu de ce qui se passe loin de l’attention des médias internationaux dans le cadre de cette guerre oubliée au Cabo Delgado. » a déclaré Tigere Chagutah, directeur pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« Hélas, il semble que les civil·e·s continuent de subir des actes de violence, des exécutions extrajudiciaires et d’autres violations des droits humains et du droit international humanitaire, comme l’avait déjà dénoncé Amnesty International. »
La vidéo, qu’Amnesty International a pu examiner, est devenue virale sur les réseaux sociaux le 10 janvier. Ces faits se seraient déroulés durant le mois de novembre 2022 dans la province de Cabo Delgado, où la force régionale de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique (SAMIM), qui inclut des troupes de la Force de défense nationale sud-africaine, se bat contre des groupes armés rebelles depuis 2021, aux côtés des forces gouvernementales du Mozambique.
Dans cette vidéo, on voit au moins un membre de la Force de défense nationale sud-africaine en train de regarder la scène et de filmer. La Force de défense nationale sud-africaine a publié une déclaration le 10 janvier dans laquelle elle reconnaît qu’un ou plusieurs de ses membres étaient présents.
Tigere Chagutah a déclaré : « L’incinération de ce qui semble être des cadavres par des soldats est déplorable et constitue probablement une violation du droit international humanitaire, qui interdit de mutiler des cadavres et exige de se débarrasser des corps de manière respectueuse.
« Les autorités du Mozambique et la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique (SAMIM) doivent diligenter dans les meilleurs délais une enquête approfondie et indépendante sur les circonstances de ces homicides et l’incinération des cadavres, en vue de poursuivre dans le cadre de procès équitables toute personne contre laquelle il existe suffisamment d’éléments de preuve recevables. La sécurité dans le Cabo Delgado ne doit pas se faire au prix de violations des droit humains. »
Complément d’information
Les attaques dans la province de Cabo Delgado ont débuté en octobre 2017 avec des homicides de civil·e·s imputables au groupe armé se faisant appeler Al Shabab, qui n’a aucun lien connu avec le groupe Al Shabab de Somalie. La Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique (SAMIM) a été mise sur pied en 2021 pour combattre Al Shabab et compte dans ses rangs des militaires des pays suivants : Rwanda, Angola, Botswana, République démocratique du Congo, Lesotho, Malawi, Namibie, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe.
Amnesty International a déjà dévoilé des éléments de preuve attestant d’exécutions extrajudiciaires et autres homicides illégaux, de tentatives de décapitation, d’actes de torture, de mutilations et de mauvais traitements infligés à des combattants présumés d’Al Shabab détenus, et du transfert de nombreux cadavres dans de probables charniers au Cabo Delgado.