Mozambique, La violente répression postélectorale en amont d’une manifestation doit cesser

À l’approche d’une grande manifestation de l’opposition prévue le 7 novembre à Maputo après des élections contestées, le gouvernement du Mozambique dirigé par le Front de libération du Mozambique (Frelimo) doit mettre fin à sa répression violente et généralisée des droits humains et respecter le droit de toutes les personnes à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.

Actuellement, le Mozambique connaît sa pire répression des manifestations depuis plusieurs années. Selon des organisations de la société civile, la police a tué plus de 20 personnes [1] et en a blessé ou arrêté des centaines d’autres. Les forces de sécurité ont systématiquement tenté d’interrompre violemment et illégalement les rassemblements pacifiques en utilisant du gaz lacrymogène, en tirant à balles réelles et en procédant à des arrestations arbitraires. Les autorités ont affirmé que des manifestant·e·s avaient tué au moins un policier.

« Les deux dernières semaines au Mozambique ont été marquées par des effusions de sang totalement injustifiées car les autorités tentent d’arrêter un mouvement de protestation pacifique en employant une force meurtrière. Le nombre de morts et de blessés augmente chaque jour, tandis que les autorités déploient des armes de guerre, notamment des fusils et des véhicules blindés, dans les rues. Les personnes ne peuvent même pas protester à leur propre domicile sans risquer d’être ciblées par des tirs de gaz lacrymogène de la part de la police », a déclaré Khanyo Farise, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

« Il faut que ce chapitre scandaleux de l’histoire du Mozambique se termine immédiatement »

Le gouvernement a coupé à plusieurs reprises l’accès à Internet [2] dans tout le pays et bloqué les sites de réseaux sociaux [3] pendant presque une semaine. Deux figures de l’opposition ont été assassinées par des hommes armés non identifiés et le chef de l’opposition, Venancio Mondlane, a dû entrer dans la clandestinité [4].

C’est au gouvernement du Mozambique qu’incombe la responsabilité principale de respecter et de protéger les droits humains, mais les pays voisins et les organisations internationales, notamment la Communauté de développement de l’Afrique australe et l’Union africaine, doivent s’exprimer sans délai et avec force pour empêcher de nouveaux homicides illégaux et d’autres violations des droits humains.

« Il faut que ce chapitre scandaleux de l’histoire du Mozambique se termine immédiatement et que les responsables présumés soient traduits en justice. Le gouvernement du Mozambique doit sortir de l’ornière pour éviter de nouvelles violations des droits humains », a déclaré Khanyo Farise.

Complément d’information

Des élections générales ont eu lieu au Mozambique le 9 octobre 2024. Des membres de l’opposition et des observateurs indépendants ont dénoncé de la fraude électorale et des manifestations ont éclaté. Celles-ci ont été violemment réprimées par la police pendant et après le processus de décompte des voix.

Le 19 octobre, deux figures de l’opposition, Elvino Dias et Paulo Guambe, ont été abattues [5] à Maputo. Le 21 octobre, la police a violemment dispersé une conférence de presse et des manifestations [6] organisées par Venancio Mondlane près du lieu de ces assassinats.

Le 24 octobre, l’autorité électorale nationale a déclaré le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, vainqueur des élections contre Venancio Mondlane. Ce dernier a appelé à une grève nationale de deux jours, les 24 et 25 octobre, que la police a réprimée.

Le 29 octobre, des associations de médecins [7] ont annoncé qu’au moins 10 personnes avaient été tuées lors de manifestations. Des organisations de la société civile [8] et des médias [9] ont fait état d’autres homicides commis par la police au cours d’une semaine de manifestations, toujours à l’appel de Venancio Mondlane, qui a débuté le 31 octobre et doit s’achever par un grand rassemblement à Maputo le 7 novembre.

Des violations des droits humains ont déjà eu lieu précédemment lors d’élections contestées au Mozambique, y compris l’année dernière [10].

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