Myanmar, deux ans après le coup d’État, il faut mettre fin à l’offensive contre les droits humains

L’armée du Myanmar continue de procéder à des arrestations arbitraires, de torturer et d’assassiner en toute impunité, deux ans après son coup d’État, a déclaré Amnesty International le 30 janvier 2023, en appelant à une action mondiale accrue et à un élan de solidarité à l’approche de l’anniversaire du coup d’État le 1er février.

Depuis cette date, on compte près de 3 000 morts, 1,5 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays, plus de 13 000 personnes toujours détenues dans des conditions inhumaines, quatre exécutions et au moins 100 condamné·e·s à mort. Par ailleurs, 7,8 millions d’enfants sont déscolarisés.

L’armée s’en prend à toute personne perçue comme opposée à son régime, ce qui a causé une peur généralisée et de graves violations des droits humains, notamment par le biais d’attaques aériennes et terrestres ciblant des civil·e·s.

« Il ne fait aucun doute que les militaires sont en mesure de mener leur offensive nationale contre les droits humains en raison de la réponse mondiale totalement inadéquate à cette crise, qui risque de sombrer dans l’oubli, a déclaré Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe du travail de campagne d’Amnesty International. Nous ne pouvons pas laisser faire. Cette date anniversaire doit mettre en lumière le besoin urgent d’une action internationale de différents pays à travers le monde et de l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (ANASE) en vue de protéger la population du Myanmar, toujours sous le joug quotidien de l’armée. »

Malgré les dangers et les persécutions, des personnes courageuses au Myanmar continuent de manifester pacifiquement. En amont du 1er février et le jour même, Amnesty International participe à des manifestations, des veillées et des événements dans des villes du monde entier, notamment à Bangkok et Séoul, afin de manifester sa solidarité avec le peuple du Myanmar.

« S’exprimer au nom de ceux qui, au Myanmar, risquent de lourdes peines d’emprisonnement, la torture et la mort en détention pour avoir exprimé une contestation pacifique n’est pas un geste anodin, a déclaré Ming Yu Hah. La solidarité est plus importante que jamais, car elle peut remonter le moral des gens et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls dans les moments les plus sombres. »

Toutefois, les Nations unies et les gouvernements ne doivent pas se contenter d’adresser des messages de soutien.

La récente résolution historique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Myanmar est bienvenue, mais les gouvernements à travers le monde doivent faire bien plus et faire pression sur l’armée du Myanmar pour qu’elle libère toutes les personnes emprisonnées arbitrairement pour avoir exercé sans violence leurs droits fondamentaux.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation au Myanmar. Il doit aussi instaurer un embargo total et mondial sur les armes qui couvre toutes les armes, les munitions, la technologie à double usage et d’autres équipements militaires et de sécurité, la formation et toute forme d’assistance supplémentaire.

En outre, les États et les entreprises doivent suspendre l’approvisionnement, la vente ou le transfert directs et indirects, y compris le transit, le transbordement et le courtage de carburant d’aviation vers le Myanmar jusqu’à ce que des mécanismes efficaces soient mis en place pour garantir que ce carburant ne soit pas utilisé pour mener des frappes aériennes dévastatrices ni commettre des violations graves du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

« La situation des droits humains au Myanmar est intolérable. La population souffre chaque jour et ne peut pas se permettre d’attendre. Si de nombreux gouvernements ont tenu compte des appels à l’action, cela n’a pas encore suffi à mettre un terme aux graves violations commises par l’armée. La communauté internationale ne saurait laisser passer un jour de plus, et encore moins deux ans, avant de prendre des mesures efficaces pour mettre fin à ces atrocités. »

Complément d’information

Depuis le coup d’État du 1er février 2021, Amnesty International a recensé des violations généralisées des droits humains, notamment des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité commis dans le cadre de la répression militaire contre l’opposition à travers le pays.

En novembre 2022, Amnesty International a lancé une campagne appelant à suspendre les livraisons de carburant d’aviation afin d’empêcher les frappes aériennes illégales menées par l’armée du Myanmar. Ses investigations ont également permis d’identifier des entreprises impliquées dans la chaîne d’approvisionnement.

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