Myanmar : Demande de libération de journalistes

Les autorités du Myanmar doivent libérer immédiatement et sans condition trois journalistes arrêtés au mois de juin dans le nord de l’État chan en proie à des conflits, a déclaré Amnesty International à la veille de leur procès qui doit s’ouvrir le 28 juillet.

Aye Nai et Pyae Phone Aung, tous deux reporters pour la Democratic Voice of Burma (DVB), et Thein Zaw (alias Lawi Weng), journaliste à l’Irrawaddy, ont été arrêtés le 26 juin, ainsi que quatre autres personnes avec qui ils circulaient.

Ils ont depuis été inculpés au titre de la Loi relative aux associations illégales et encourent jusqu’à trois ans de prison s’ils sont déclarés coupables. Trois personnes arrêtées avec eux sont elles aussi inculpées, notamment au titre de la même Loi, tandis qu’un septième homme arrêté le 26 juin a été libéré.

« Les charges grotesques retenues contre ces journalistes doivent être abandonnées immédiatement ; ils n’ont fait qu’effectuer leur travail de manière pacifique, a déclaré James Gomez, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

«  Il s’agit clairement d’une manœuvre des autorités visant à intimider les journalistes et à faire taire leurs voix critiques. C’est justement dans le nord de l’État chan et dans les autres régions ethniques ravagées par les conflits, où les violations graves des droits humains sont très répandues, que le journalisme indépendant prend tout son sens. »

Des soldats de la tatmadaw – les forces armées du Myanmar – ont arrêté les journalistes qui tentaient de couvrir une cérémonie au cours de laquelle des stupéfiants ont été brûlés dans une zone contrôlée par le groupe armé ethnique Ta’ang National Liberation Army (TNLA).

Les journalistes ont été détenus au secret dans un lieu tenu secret pendant deux jours après leur arrestation, avant d’être transférés à la prison de Hsipaw, dans le nord de l’État chan, où ils sont actuellement détenus. Leur procès doit s’ouvrir le 28 juillet devant le tribunal de la municipalité de Hsipaw. La procédure légale a jusqu’à présent été marquée par l’absence de transparence et deux précédentes comparutions devant le tribunal ont été reportées à l’improviste, suscitant des préoccupations quant à la possibilité de consulter leurs avocats.

Depuis des années, les autorités du Myanmar s’appuient sur une série de lois draconiennes pour intimider, harceler, arrêter et emprisonner les détracteurs et les journalistes. La Loi relative aux associations illégales en fait partie : elle confère aux autorités des pouvoirs étendus leur permettant d’arrêter les personnes considérées comme étant en contact avec une « association illégale » ou en faisant partie, et est souvent invoquée dans les régions où vivent des minorités ethniques et religieuses.

« Beaucoup avaient espéré que les jours où le Myanmar s’appuyait sur sa législation répressive pour réduire au silence toute critique pacifique étaient depuis longtemps révolus ; hélas les mêmes pratiques répressives perdurent. La Loi relative aux associations illégales est formulée en termes si vagues qu’elle peut facilement être utilisée pour emprisonner des opposants politiques, ainsi que des journalistes, pour des motifs bien fragiles. Elle doit être abrogée sans délai », a déclaré James Gomez.

Complément d’information

Les sept hommes ont été détenus dans le nord de l’État chan, dans le nord du Myanmar, une zone qui est depuis quelques années le théâtre de combats intenses entre l’armée du Myanmar et divers groupes armés ethniques. Dans un rapport publié en juin 2017, Amnesty International relatait que les civils membres de groupes minoritaires ethniques dans l’État kachin et le nord de l’État chan subissent des violations terribles, dont de possibles crimes de guerre, imputables à l’armée du Myanmar.

Ce rapport, intitulé "All the Civilian Suffer" : Conflict, Displacement and Abuse in Northern Myanmar, rend compte du fait que les forces armées du Myanmar sont responsables d’actes de torture, de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires, de bombardements aveugles sur des villages civils, et restreignent à titre punitif la liberté de circulation et l’accès de l’aide humanitaire.

Amnesty International a également recueilli des informations sur des violations des droits humains commises par des groupes ethniques armés actifs dans la région, notamment la TNLA, telles que des enlèvements, le recrutement forcé et la taxation forcée de civils.

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