« Cette décision représente une importante avancée dans le combat pour la justice et la reddition de comptes au Myanmar. Elle adresse un message fort à ceux qui ont orchestré les atrocités contre les Rohingyas, en leur faisant savoir qu’ils ne resteront pas impunis, a déclaré Nicholas Bequelin, directeur pour l’Asie de l’Est et du Sud-Ouest à Amnesty International.
« Cette décision intervient quelques jours seulement après que la Gambie a saisi la Cour internationale de justice des crimes commis contre les Rohingya au Myanmar, accusant le Myanmar d’actes de génocide, et que des militants rohingyas ont porté plainte devant la justice argentine. La justice est en branle : ceux qui continuent de protéger les auteurs de ces atrocités contre l’obligation de rendre des comptes doivent décider vite et bien du camp qu’ils choisissent.
« Nous accueillons avec satisfaction la décision qui a été rendue aujourd’hui, mais il ne faut pas oublier qu’elle ne permet à la CPI d’enquêter que sur certains des nombreux crimes commis par l’armée contre des minorités ethniques au Myanmar. Il est donc toujours indispensable que le Conseil de sécurité de l’ONU saisisse la CPI de la situation dans l’ensemble du pays. Son inaction persistante entache sa crédibilité et représente un abandon de ses responsabilités. »
Complément d’information
En août 2017, les forces de sécurité du Myanmar ont lancé une terrible campagne de violences contre la population rohingya dans le nord de l’État d’Arakan. Amnesty International et d’autres organisations ont rassemblé des informations sur les meurtres, les viols, les actes de torture, les mesures prises pour affamer la population, l’incendie de villages rohingyas et l’utilisation de mines terrestres antipersonnel. La Mission d’établissement des faits de l’ONU a déclaré que des officiers supérieurs de l’armée devraient faire l’objet d’enquêtes et de poursuites pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.
L’armée du Myanmar continue de commettre de graves violations, notamment des crimes de guerre, contre les civils dans les zones de conflit dans les États cachin, d’Arakan et chan. Cette année, Amnesty International a rassemblé des informations sur des attaques illégales lors desquelles des civils ont été tués et blessés, des arrestations arbitraires, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et le travail forcé.