Communiqué de presse

Myanmar. Il faut protéger les civils de l’État kachin pris dans le conflit et enquêter sur des attaques

Le Myanmar doit prendre toutes les mesures possibles pour éviter que des civils soient blessés dans l’État kachin, a déclaré Amnesty International après la mort de trois personnes, tuées par des bombardements aériens menés, semble-t-il, par les forces armées dans la région.

L’Armée pour l’indépendance kachin (KIA) doit elle aussi veiller à ne pas établir de cible militaire potentielle près des zones civiles et à respecter pleinement le droit humanitaire international.

Le 14 janvier, trois civils dont un adolescent ont été tués lors d’un bombardement aérien que les forces armées du Myanmar auraient mené sur Laiza, une ville kachin. Quatre autres personnes, deux enfants et deux femmes, ont été blessées dans la même attaque.

La ville de Laiza, située à la frontière avec la Chine, est utilisée par la KIA comme base de facto.

« L’armée régulière et la KIA doivent veiller à ce que les civils pris dans le conflit soient protégés. Les trois morts tragiques de Laiza montrent que l’on peut légitimement s’inquiéter des risques que pourraient courir les civils en cas d’attaques menées sans discrimination », a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.

« Amnesty International appelle vivement les autorités du Myanmar à ouvrir immédiatement une enquête sur l’attaque du 14 janvier et à découvrir si les lois internationales de la guerre ont été violées. »

Le conflit actuel qui oppose l’armée régulière du Myanmar à l’Armée pour l’indépendance kachin a débuté en juin 2011, après 17 ans de cessez-le-feu, et les combats ont commencé à s’intensifier en novembre 2012.

La KIA est la branche armée de l’Organisation pour l’indépendance kachin (KIO), qui réclame une plus grande autonomie pour les Kachins. Il s’agit du seul groupe armé d’une certaine importance au Myanmar avec lequel les autorités n’ont pas été en mesure de conclure un cessez-le-feu.

En décembre 2012, l’armée a lancé une nouvelle opération dans l’État kachin. Depuis début janvier, des hélicoptères et des avions militaires survolent à basse altitude des camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays et des villes situés dans les zones contrôlées par la KIA. Ces vols provoquent une peur intense parmi la population civile, en particulier chez les enfants et dans les camps.

Des civils kachins ont signalé que les forces armées du Myanmar avaient mené des raids aériens, d’abord mi-décembre près de deux villes situées dans des zones contrôlées par la KIA, dans l’est et le nord de l’État, puis le 24 décembre près de Laiza.

À cause de ce conflit, plus de 75 000 personnes ont dû quitter leur foyer et trouver un abri dans des camps pour personnes déplacées. Tout au long de l’année 2012, les autorités du Myanmar auraient limité l’accès des organisations humanitaires aux camps de personnes déplacées situés dans les zones contrôlées par la KIA, laissant ces personnes avec des quantités insuffisantes de nourriture et des installations sanitaires inadaptées.

« Il est absolument essentiel qu’aucune restriction ne pèse sur les organisations humanitaires et autres essayant de se rendre auprès de personnes qui ont besoin d’assistance en raison du conflit en cours. Il existe un véritable risque de crise humanitaire dans la région », a déclaré Isabelle Arradon.

Amnesty International a reçu, en 2012, des informations crédibles selon lesquelles l’armée aurait commis des violations des droits humains sur des civils kachins, leur infligeant notamment des actes de torture et d’autres mauvais traitements, des travaux forcés et des violences sexuelles ; elle aurait également procédé à des exécutions extrajudiciaire et à des détentions arbitraires.

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