« C’est une issue répréhensible dans une affaire entachée de graves irrégularités dès le départ. Danny Fenster n’aurait jamais dû être arrêté. En le condamnant à une peine cumulée de 11 années d’emprisonnement, les autorités du Myanmar montrent jusqu’où elles sont prêtes à aller pour faire savoir qu’elles ne respectent pas les médias indépendants dans le pays et font fi des répercussions sur les proches des personnes injustement incarcérées, a déclaré Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe pour le travail de campagne à Amnesty InternationalMing Yu Hah, directrice régionale adjointe pour le travail de campagne à Amnesty International.
« Danny Fenster n’a rien fait de mal, mais s’est retrouvé inculpé de multiples infractions présumées qui sont complètement déconnectées de la réalité et de son travail de journaliste indépendant. Le tribunal n’a pas pris en compte les innombrables éléments de preuve montrant où il travaillait ni les éléments attestant du temps qu’il a passé dans le pays. Il doit être libéré immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées.
« Les autorités du Myanmar montrent jusqu’où elles sont prêtes à aller pour faire savoir qu’elles ne respectent pas les médias indépendants dans le pays »
« Danny Fenster est un prisonnier d’opinion. Sa liberté lui a été ôtée de manière cruelle et injuste, uniquement parce qu’il a fait son travail de journaliste et exercé son droit à la liberté d’expression.
« Son affaire illustre la multiplication des risques et des difficultés auxquels se heurtent les journalistes au Myanmar depuis que l’armée s’est emparée du pouvoir le 1er février. Malgré les coupures d’Internet, les menaces judiciaires et les arrestations, ils continuent avec courage de rendre compte de la crise que connaît le pays. »
Complément d’information
Le 12 novembre 2021, un tribunal de Yangon a condamné Danny Fenster, 37 ans, à une peine de 11 ans de prison, selon son employeur Frontier Myanmar, dont il est le rédacteur en chef.
Il a été arrêté le 24 mai alors qu’il tentait de monter à bord d’un avion pour quitter le pays, plongé dans la tourmente depuis le putsch militaire de février 2021.
« Sa liberté lui a été ôtée de manière cruelle et injuste, uniquement parce qu’il a fait son travail de journaliste et exercé son droit à la liberté d’expression »
Les trois chefs d’inculpation qui lui ont valu d’être condamné le 12 novembre sont liés à la violation présumée des dispositions liées à l’immigration, à l’incitation à la dissidence et à l’association illicite avec une organisation illégale. Il a écopé de la peine maximale pour chacune de ces accusations, selon son employeur, qui affirme qu’elles ne reposent sur aucun fondement.
Depuis le coup d’État militaire, la junte a arrêté, détenu, poursuivi et emprisonné des dizaines de journalistes, privé des médias de leurs licences et balayé des années d’avancées en termes de liberté de la presse.
Amnesty International appelle les autorités du Myanmar à libérer les journalistes emprisonnés simplement pour avoir fait leur travail et exercé sans violence leurs droits fondamentaux.