MYANMAR : La justice en procès

Index AI : ASA 16/020/2003
ÉFAI

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Dans un rapport important, rendu public ce mardi 29 juillet 2003, Amnesty
International engage instamment le gouvernement du Myanmar à poursuivre en
justice les personnes soupçonnées d’être responsables de la violente attaque
du 30 mai, perpétrée contre des membres de la Ligue nationale pour la
démocratie (NLD, National League for Democracy). Le rapport appelle aussi à
la remise en liberté immédiate et sans condition de Daw Aung San Suu Kyi,
secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie, de U Tin Oo,
vice-président de la Ligue nationale pour la démocratie et de tous les
autres membres et sympathisants de ce parti, arrêtés pour avoir exprimé
leurs opinions politiques pacifiques.

« Nous déplorons l’attaque violente contre la Ligue nationale pour la
démocratie et la répression de toute activité d’opposition politique qui a
suivie. Nous demandons au Conseil national pour la paix et le développement
(SPDC, State Peace and Development Council - le gouvernement militaire)
d’autoriser, dans les meilleurs délais, la tenue d’une enquête indépendante
et impartiale sur l’attaque dont ont été victimes des membres de la Ligue
nationale pour la démocratie, a déclaré Amnesty International, deux mois
exactement après cette attaque.

« Aujourd’hui plus que jamais, le peuple birman a besoin du soutien de la
communauté internationale. Les membres d’Amnesty International Japon
remettront ce mardi à l’ambassade du Myanmar à Tokyo une pétition qui a été
signée par des dizaines de milliers de personnes à travers le monde. Nous
espérons que le Conseil national pour la paix et le développement entendra
cet appel à la justice », a souligné l’organisation.

Dans son rapport rendu public ce mardi, Amnesty International esquisse ses
principaux motifs d’inquiétude concernant l’administration de la justice au
Myanmar ; l’organisation fait état des commentaires du Conseil national pour
la paix et le développement dans sa réponse aux observations qui lui avaient
été transmises. Le rapport passe en revue les domaines suivants :
arrestations et détention avant jugement ; torture et mauvais traitements ;
procès de prisonniers d’opinion ; discussion de quelques-unes des lois en
vigueur les plus importantes, relatives aux droits humains fondamentaux ;
conditions de vie dans les prisons ; enfin, mécanismes d’enquête sur les
atteintes aux droits humains. Le document fait également des recommandations
détaillées au gouvernement à propos de la réforme du système de justice au
Myanmar.

« L’amélioration du système de justice prendra du temps, mais ces réformes
doivent être une priorité si l’on veut que les droits humains soient
protégés. Les évènements du 30 mai montrent trop clairement la nécessité
d’établir l’obligation de rendre des comptes et de mettre fin à l’impunité
régnante au Myanmar », a déclaré l’organisation.

Un nombre indéterminé de personnes sont toujours détenues ou portées
disparues depuis le 30 mai ; lors d’un geste bien accueilli, le Conseil
national pour la paix et le développement a annoncé, le 23 juillet, que 91
personnes arrêtées dans le cadre des violences du 30 mai avaient été remises
en liberté. Toutefois, plus de 1300 prisonniers politiques sont toujours en
détention au Myanmar, condamnés lors de procès ne répondant à aucune des
normes internationales d’équité des procès, en vertu de lois qui
criminalisent, de fait, le droit à la liberté d’expression.

« Il est impératif que le Conseil national pour la paix et le développement
donne des éclaircissements sur le sort de ceux qui sont soit portés
disparus, soit en détention, après les évènements du 30 mai. En outre, la
remise en liberté de tous les prisonniers d’opinion ainsi que des mesures
permettant de faciliter l’ouverture d’une enquête indépendante doivent être
envisagées par le gouvernement pour commencer à rétablir la situation », a
déclaré Amnesty International.

Après la vague de violence du 30 mai et des jours qui ont suivi, des membres
de la communauté internationale ont exprimé leur inquiétude et ont appelé à
la remise en liberté immédiate de Daw Aung San Suu Kyi et des autres
personnes. L’Association des nations de l’Asie du Sud-est (ANASE), le
gouvernement du Japon, l’Union européenne (UE), les États-Unis et le
secrétaire général des Nations unies ont tous condamné les attaques et les
arrestations qui ont suivi.

« Nous saluons ces déclarations faites par des nations et organisations
aussi différentes à travers le monde. Des efforts durables et concertés de
la part de la communauté internationale seront nécessaires jusqu’à ce que
ces problèmes soient résolus. Le peuple birman ne doit pas tomber dans
l’oubli », a déclaré Amnesty International.

Dans l’intérêt d’une solution à la crise des droits humains au Myanmar,
Amnesty International a exprimé son soutien total à l’action de l’envoyé
spécial du secrétaire général des Nations unies, l’ambassadeur Razali Ismaïl
et du rapporteur spécial des Nations unies pour le Myanmar, le professeur
Paulo Sergio Pinheiro. L’organisation appelle le Conseil national pour la
paix et le développement à collaborer pleinement avec eux ; elle demande au
Conseil de leur permettre de rencontrer librement toutes les personnes
qu’ils souhaiteront lors de leurs séjours au Myanmar dans le cadre de leur
mandat.

Complément d’information

Le 22 mai 2003, Amnesty International a présenté 29 pages d’observations au
Conseil national pour la paix et le développement, après la toute première
visite de l’organisation dans ce pays, entre le 30 janvier et le 8 février
2003. Depuis, les tensions politiques se sont fortement accrues, jusqu’aux
violentes attaques du 30 mai lors d’une tournée de la Ligue nationale pour
la démocratie dans le nord du pays. Daw Aung San Suu Kyi, U Tin Oo et
d’autres membres de la Ligue nationale pour la démocratie s’étaient rendus
dans le nord du Myanmar, avec l’autorisation préalable du Conseil national
pour la démocratie, au cours du mois de mai. Des foules de plus en plus
nombreuses se rassemblant au passage des dirigeants de la Ligue nationale
pour la démocratie, la tension a monté entre la NLD et l’USDA (Union
Solidarity Development Association, Association de l’Union pour le
développement de la solidarité), une organisation fondée, organisée et
soutenue par le Conseil national pour la paix et le développement.

La veille du 30 mai, quelque deux cents membres de la NLD, parmi lesquels
Daw Aung San Suu Kyi et U Tin Oo, ont été attaqués par plusieurs centaines
de personnes, dont on a dit qu’elles étaient membres de l’USDA, sur une
route éloignée entre Budalin et Daipaiyin, près de Monywa, Division de
Sagaing. Toutes les preuves disponibles indiquent qu’il s’agissait d’une
attaque préméditée. Selon les informations données par le Conseil national
pour la paix et le développement dans une conférence de presse le 31 mai,
quatre personnes auraient été tuées et 50 autres blessées. Des sources non
officielles parlent d’un nombre de morts considérablement plus élevé.

Dans une zone rurale à la tombée de la nuit, des attaquants armés de bâtons
pointus, de matraques et de barres de fer ont bloqué le convoi de la Ligue
nationale pour la démocratie ; ils ont commencé à attaquer des sympathisants
de la Ligue et les véhicules à bord desquels se trouvaient Daw Aung San Suu
Kyi, U Tin Oo et d’autres dirigeants de la Ligue. Des membres des groupes de
jeunesse de la NLD et d’autres personnes ont tenté de protéger les
dirigeants, certains auraient été tués ou blessés à ce moment-là. De
nombreux autres sympathisants de la NLD auraient été battus par les
attaquants, plusieurs d’entre eux seraient morts sous les coups. Certains
ont réussi à s’échapper, mais Daw Aung San Suu Kyi, U Tin Oo et de nombreux
autres membres et sympathisants de la Ligue nationale pour la démocratie qui
avaient réussi à fuir ont été ensuite arrêtés et placés en détention.

Le rapport complet figure (en anglais) sur le site d’Amnesty International à
l’adresse électronique suivante :

www.web.amnesty.org/library/index/engasa160192003
<http://www.web.amnesty.org/library/...>

Vous pouvez également consulter les communiqués de presse suivants :

http://www.web.amnesty.org/library/index/fraasa160162003
<http://www.web.amnesty.org/library/...>

MYANMAR. Daw Aung San Suu Kyi doit être immédiatement libérée

http://www.web.amnesty.org/library/index/fraasa160152003
<http://www.web.amnesty.org/library/...>

MYANMAR. Les autorités doivent mettre fin à la répression dont sont victimes
les militants politiques

http://www.web.amnesty.org/library/index/fraasa160142003
<http://www.web.amnesty.org/library/...>

MYANMAR. La sécurité de Daw Aung San Suu Kyi et de son parti menacée

http://www.web.amnesty.org/library/index/fraasa160132003
<http://www.web.amnesty.org/library/...>

MYANMAR. Début d’amélioration au niveau des droits humains : de sérieuses
préoccupations persistent

http://www.web.amnesty.org/library/index/engasa160052003

Myanmar : Amnesty International’s first visit to Myanmar

(non traduit en français)

http://www.web.amnesty.org/library/index/engasa160072003

Myanmar : Amnesty International welcomes first visit, calls for further
improvements

(non traduit en français)

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit