Myanmar : les exactions contre les Rohingya sapent les avancées en matière de droits humains

“Une déclaration d’état d’urgence n’est pas un permis pour violer les droits humains » dit Benjamin Zawacki, chercheur sur le Myanmar à Amnesty International, ce jeudi 19 juillet 2012.

« Six semaines après la déclaration de l’état d’urgence dans l’Etat du Rakhine au Myanmar, on note que les attaques ciblées et autres violations commises pas les forces de sécurité contre la minorité Rohingya et d’autres musulmans sont en augmentation » annonce Amnesty International ce jour.

L’organisation dit que les violences entre les communautés se sont aussi poursuivies.

“Une déclaration d’état d’urgence n’est pas un permis de violer les droits humains » dit Benjamin Zawacki, chercheur sur le Myanmar à Amnesty International. « Le devoir des forces de sécurité est de défendre les droits de tous, sans exception ni discrimination, contre les exactions commises par d’autres, tout en respectant les normes relatives aux droits humains ».

Le gouvernement du Myanmar a déclaré l’état d’urgence dans l’Etat du Rakhine le 10 juin, suite à une explosion de violences entre les communautés la semaine précédente, opposant les Rakhine bouddhistes, les Rakhine musulmans et les musulmans Rohingya. L’état d’urgence reste en vigueur dans plusieurs zones.

Depuis lors, les Forces de sécurité des frontières du Myanmar (NaSaKa), l’armée et la police, sont descendues massivement dans des zones principalement peuplées de Rohingya. Des centaines d’hommes et de garçons ont été détenus, presque tous au secret, et certains ont subi des mauvais traitements. Alors que le rétablissement de l’ordre, de la sécurité et la protection des droits humains sont nécessaires, la plupart des arrestations semblent arbitraires et discriminatoires, violant le droit à la liberté et celui de ne pas être victimes pour des raisons religieuses.

« En six semaines, non seulement le Myanmar a alourdi la longue liste des violations de droits humains contre les Rohingya, mais le pays a aussi fait une volte-face au sujet de l’emprisonnement politique » rapporte Zawacki. « Après plus d’un an d’amnistie et de libération de prisonniers, le nombre total de prisonniers politiques au Myanmar est de nouveau en augmentation ».

Toute personne arrêtée depuis le 10 juin doit être soit inculpée d’un délit reconnu internationalement et présentée à un tribunal indépendant, soit libérée. Toutes les procédures judiciaires doivent être conformes aux normes internationales d’équité et ne doivent pas inclure la peine de mort.

Amnesty International a aussi reçu des témoignages fiables sur d’autres violations des droits humains à l’encontre des Rohingya et d’autres musulmans du Rakhine, notamment les violences physiques, le viol, la destruction des biens et les exécutions illégales, commises tant par les bouddhistes du Rakhine que par les forces de sécurité. Les autorités doivent faire cesser de tels actes et en prévenir d’autres.

Le 3 juin, un groupe important de bouddhistes locaux du Rakhine a tué 10 musulmans dans la municipalité de Taung Gouk dans l’Etat Rakhine, alors qu’ils rejoignaient leur domicile en bus en provenance de Yangon.

Le 11 juillet, la Commission nationale des droits de l’homme du Myanmar a dit qu’au moins 78 personnes avaient été tuées depuis le début des violences mais les estimations non officielles excèdent les 100 morts.

On estime que 50 000 à 90 000 personnes (les chiffres les plus faibles sont donnés par le gouvernement et les plus élevés par les agences de l’ONU) ont été déplacées. La différence entre les chiffres s’explique en grand partie par le fait que les autorités du Myanmar ne permettent qu’un accès très limité aux observateurs indépendants et internationaux ainsi qu’aux travailleurs humanitaires.

« Les besoins de ceux qui sont affectés par la violence, en matière de droits humains comme humanitaires, dépendent de la présence des observateurs et des travailleurs humanitaires » rappelle Zawacki. « Les autorités du Myanmar aggravent les souffrances de ceux qui sont déplacés, par les violences et les violations ».

Amnesty International demande au Parlement du Myanmar d’amender ou d’abroger la loi sur la citoyenneté de 1982 pour garantir que les Rohingya ne soient plus apatrides. « En vertu du droit international relatif aux droits humains et des normes qui en découlent, nul ne doit être laissé ou rendu apatride. Depuis trop longtemps la situation des droits de l’homme au Myanmar a été entachée par le refus persistant d’accorder la citoyenneté aux Rohingya et par un ensemble de pratiques discriminatoires contre eux » ajoute Zawacki.

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