« Ayant le choix entre une condamnation à 15 jours de prison ou une amende de 30 000 kyats (environ 20 euros), Maung Saungkha a opté pour la deuxième option. Si cette sentence apporte un certain soulagement, il n’en reste pas moins qu’il n’aurait jamais dû être inculpé au départ, a déclaré Ming Yu Hah, directrice adjointe du Bureau régional Asie-Pacifique d’Amnesty International.
« Maung Saungkha a été accusé d’un acte de contestation pacifique au cours duquel il a déployé une banderole qui demandait : " Internet est-il coupé pour cacher les crimes de guerre commis dans [l’État] d’Arakan et tuer des gens ? " Cette manifestation visait à rappeler que cela fait un an que l’Internet mobile est coupé dans l’État d’Arakan et l’État chin, et sa question mérite réponse.
« À l’approche des élections générales et dans le contexte d’une hausse du nombre de cas de COVID-19 dans le pays, les autorités du Myanmar ne doivent pas piétiner le droit de s’exprimer librement et de partager des informations et d’y avoir accès. Les restrictions concernant l’usage d’Internet dans ces deux États birmans ne font qu’aggraver une situation déjà très tendue.
« Maung Saungkha a été accusé d’un acte de contestation pacifique au cours duquel il a déployé une banderole qui demandait : " Internet est-il coupé pour cacher les crimes de guerre commis dans [l’État] d’Arakan et tuer des gens ? " Cette manifestation visait à rappeler que cela fait un an que l’Internet mobile est coupé dans l’État d’Arakan et l’État chin, et sa question mérite réponse »
« Les autorités doivent rétablir sans délai le plein accès à Internet dans l’État d’Arakan et l’État chin et abroger ou modifier toutes les lois répressives, notamment l’article 19 de la Loi relative aux réunions et manifestations pacifiques. »
Complément d’information
Le 21 juin 2020, Maung Saungkha a installé une banderole sur un pont dans le centre-ville de Yangon, la plus grande ville du Myanmar, lors d’une manifestation pacifique marquant le premier anniversaire des restrictions imposées aux communications de l’Internet mobile dans divers secteurs des États d’Arakan et chin.
Le 7 juillet, les autorités l’ont inculpé au titre de l’article 19 de la Loi relative aux réunions et manifestations pacifiques, qui prévoit des sanctions pénales pour ne pas avoir averti à l’avance de la tenue d’un rassemblement et jusqu’à trois mois de prison et/ou une amende.
En réponse à l’aggravation du conflit entre l’armée du Myanmar et l’armée d’Arakan (AA), groupe armé ethnique rakhine, les autorités ont tout d’abord décrété des restrictions d’accès à l’Internet mobile dans neuf municipalités des États d’Arakan et chin en juin 2019, autorisant uniquement les appels vocaux et les textos. Ces restrictions ont été provisoirement levées dans cinq municipalités le 1er septembre 2019, mais le gouvernement les a rétablies le 3 février 2020. Elles ont été supprimées dans la municipalité de Maungdaw le 2 mai, ce qui laisse encore huit municipalités sous accès restreint. Le 1er août 2020, la reprise des services 2G a été autorisée. Toutefois, le débit 2G étant beaucoup plus lent, il ne permet pas des services comme les appels vidéos, les courriels ou la consultation de pages Web comportant des photos ou des vidéos.
Les restrictions imposées à Internet dans l’État d’Arakan et l’État chin entrent dans leur deuxième année, alors que le nombre de cas de COVID-19 est en hausse au Myanmar, particulièrement dans l’État d’Arakan. Ces restrictions ont un impact négatif sur les droits humains et sur la possibilité d’accéder à des informations sur la pandémie.
D’autres militant·e·s ayant appelé à lever les restrictions ont été inculpés et emprisonnés. C’est notamment le cas de neuf étudiant·e·s qui ont manifesté à Yangon en février. Tous ont été inculpés au titre de la Loi relative aux réunions et manifestations pacifiques et sept d’entre eux ont par la suite été condamnés à un mois de prison chacun le 25 mars, tandis que deux autres ont été condamnés à un mois de prison le 27 juillet.