Myanmar. U Win Tin est libéré, mais 2 100 prisonniers politiques sont toujours derrière les barreaux


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International salue la libération au Myanmar d’au moins sept prisonniers d’opinion, dont U Win Tin. Incarcéré depuis dix-neuf ans, il était l’un des plus anciens prisonniers d’opinion du pays. Le sort des quelque 2 100 prisonniers politiques toujours maintenus derrière les barreaux au Myanmar demeure toutefois une source d’inquiétude, a déclaré Amnesty International ce mardi 23 septembre 2008.

« Si la libération d’U Win Tin et des autres détenus est sans conteste la meilleure nouvelle reçue du Myanmar depuis longtemps, ils représentent malheureusement à peine un pour cent des prisonniers politiques incarcérés dans le pays, a affirmé Benjamin Zawacki, chercheur d’Amnesty International sur le Myanmar. Ces sept personnes n’auraient jamais dû être emprisonnées et de très nombreux autres détenus devraient aussi être remis en liberté. »

Amnesty International prend note d’informations non confirmées selon lesquelles le gouvernement du Myanmar pourrait accorder la « grâce » à quelque 9 000 prisonniers à l’approche des élections prévues en 2010. On ignore toutefois si ce chiffre englobe des prisonniers politiques.

Quant à U Win Tin, il a refusé d’être gracié par le gouvernement, ce qui aurait signifié qu’il avait été incarcéré pour un motif légitime. Selon certaines informations, il a été libéré sans condition.

« La définition d’un prisonnier d’opinion, à l’instar de ceux qui ont été libérés aujourd’hui, correspond exactement au terme qui les désigne : une personne envoyée derrière les barreaux uniquement en raison de ses convictions et des actions pacifiques qu’elle mène au nom de ces convictions, a ajouté Benjamin Zawacki. Ces personnes n’ont rien fait de mal et nous demandons leur libération immédiate et sans condition. »

U Win Tin, journaliste âgé de soixante-dix-huit ans, est un dissident bien connu et un haut responsable du principal parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), dirigée par Daw Aung San Suu Kyi.

Les six autres prisonniers d’opinion libérés sont également membres de la NLD, et quatre d’entre eux sont des députés élus lors des élections de 1990 remportées par ce parti.

* Daw May Win Myint, âgée de cinquante-huit ans, médecin élue au Parlement, et Than Nyein, âgé de soixante et onze ans, médecin lui aussi élu au Parlement, ont été incarcérés en 1997 pour avoir organisé un rassemblement de la NLD. Leurs condamnations initiales ont été prolongées à plusieurs reprises depuis 2004 et ils souffrent de problèmes de santé.

* Win Htein, âgé de soixante-six ans, proche collaborateur de la dirigeante de la LND, Daw Aung San Suu Kyi, a été emprisonné en 1996 pour avoir, entre autres, aidé les paysans et les membres de la LND à rassembler des statistiques sur le monde agricole. Détenu à l’isolement, il souffre de nombreux problèmes de santé, notamment d’hypertension et de troubles cardiaques.

* Aung Soe Myint Oo, député élu de la NLD, a été condamné en août 2003 à sept ans d’emprisonnement pour « possession d’une moto sans permis ». Cependant, de l’avis général, il a été pris pour cible en raison de ses activités politiques.

* U Khin Maung Swe, âgé de soixante-six ans, élu au Parlement sous l’étiquette NLD, a été condamné en août 1994 à une peine de sept années d’emprisonnement.

* U Than Naing est membre de la NLD.

« Nous nous réjouissons de la libération de ces sept prisonniers politiques. Mais ce geste n’est pas une fin en soi – et ne saurait être considéré comme tel. Ce n’est qu’un début », a conclu Benjamin Zawacki.

Complément d’information

En juillet 2008, Amnesty International a publié une Action urgente à l’intention de ses sympathisants concernant U Win Tin. Détenu à la prison d’Insein, à Yangon, pendant la plus grande partie des dix-neuf dernières années, fréquemment à l’isolement, il n’a pas reçu les soins médicaux dont il avait besoin.

U Win Tin a été arrêté le 4 juillet 1989, dans le cadre de la répression visant les membres des partis politiques d’opposition. Il a été condamné à trois reprises à une peine totale de vingt-et-un ans d’emprisonnement. Lors de sa dernière condamnation, en mars 1996, il s’est vu infliger sept ans de prison pour avoir communiqué aux Nations unies des informations sur les conditions de détention et pour avoir écrit et fait circuler en prison des articles et des tracts critiquant le gouvernement. Les autorités ont considéré qu’il avait « diffusé secrètement de la propagande afin de provoquer des mutineries en prison ».

U Win Tin avait écrit une lettre à l’ONU, intitulée Témoignages de prisonniers d’opinion de la prison d’Insein injustement emprisonnés, exigences et demandes relatives aux violations des droits humains en Birmanie, qui décrivait l’absence de soins médicaux et les actes de torture en détention. Alors que les autorités enquêtaient sur ce document, U Win Tin a été détenu dans une cellule destinée aux chiens policiers, sans draps ni couverture. Il a été privé d’eau et de nourriture, ainsi que des visites de sa famille, pendant de longues périodes.

FIN

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