Tous les pays des BRICS sont confrontés à divers défis en matière de droits humains. Au Brésil, on ignore toujours qui a assassiné Marielle Franco, défenseure des droits humains tuée à Rio De Janeiro. En Russie, les personnes LGBTI sont en butte à de graves menaces et vivent constamment dans la peur. En Chine, Tashi Wangchuck, défenseur tibétain des droits humains, a été condamné à une peine inique de cinq ans de prison après être apparu dans une vidéo du New York Times. En Afrique du Sud, la roue de la justice pour les victimes de la tragédie de Marikana et leurs familles tourne bien trop lentement. Enfin, en Inde, les actes de harcèlement et les attaques se multiplient à l’égard des défenseurs des droits humains, tout comme les crimes de haine envers les communautés marginalisées.
« Face à des problèmes relatifs aux droits humains aussi divers qui touchent ces économies émergentes, leurs dirigeants doivent agir immédiatement afin d’apporter des réparations en cas de violations et de mettre en œuvre l’obligation de rendre des comptes, a déclaré Shenilla Mohamed, directrice d’Amnesty International Afrique du Sud.
« Les attaques visant les défenseurs des droits humains et les communautés marginalisées ne doivent pas se banaliser. Les défenseurs des droits humains se battent pour la vérité et la justice. Au lieu d’être félicités pour leurs efforts, ils sont réduits au silence et entravés dans leur travail. »
Le harcèlement croissant dont sont victimes les défenseurs des droits humains en Inde ces dernières années est particulièrement inquiétant. Depuis novembre 2017, Chandrashekhar Azad, défenseur des droits humains dalit (opprimé) qui travaille sur les questions de discriminations et de violences fondées sur les castes, est maintenu en détention administrative, sans inculpation ni jugement.
Dans l’État du Manipur, dans le nord-est de l’Inde, les défenseurs des droits humains en quête de justice pour leurs proches morts dans des exécutions extrajudiciaires présumées sont de plus en plus harcelés et attaqués. En avril 2018, Salima Memcha, dont l’époux a été victime d’une exécution extrajudiciaire, a été menacée par les forces de sécurité et sa maison a été saccagée.
« Les défenseurs des droits humains, ceux qui luttent pour la vérité et la justice, sont dépeints comme des criminels, des " antinationaux ", voire des " agents de l’étranger ". Ils sont dénigrés, enfermés et agressés parce qu’ils s’expriment », a déclaré Aakar Patel, directeur d’Amnesty International Inde.
En Inde, le sentiment d’insécurité ne cesse de s’accentuer parmi les membres des communautés marginalisées. « Au cours des six premiers mois de 2018, au moins 100 cas de crimes de haine présumés ont été signalés dans tout le pays. L’incapacité du gouvernement indien à garantir la justice dans ces affaires favorise un climat d’impunité, a déclaré Aakar Patel.
« Lors du sommet des BRICS, nous invitons le Premier ministre indien, Narendra Modi, et les autres chefs d’État à reconnaître leur responsabilité s’agissant de faire respecter les droits fondamentaux et d’œuvrer collectivement à mettre un terme aux violations des droits humains. »
Complément d’information
Le groupe formé par cinq économies émergentes majeures – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – est désigné collectivement sous l’acronyme « BRICS ».
Le sommet des leaders des BRICS se réunit chaque année autour de discussions axées sur la coordination politique et socioéconomique.
Le premier sommet des BRIC s’est déroulé en Russie en juin 2009. En décembre 2010, l’Afrique du Sud a été conviée à rejoindre le groupe et l’acronyme est devenu BRICS. L’ancien président sud-africain Jacob Zuma a participé au troisième sommet en Chine, en mars 2011.
L’Afrique du Sud a été nommée à la présidence des BRICS du 1er janvier au 31 décembre 2018. Le sommet 2018, 10e sommet des BRICS, se tiendra du 25 au 27 juillet.