Communiqué de presse

Négociations TCA. Les tractations politiques entamées à l’ONU mettent en péril des millions de vies

Les dirigeants cherchant actuellement à opposer un véto au traité sur le commerce des armes (TCA) doivent cesser de jouer avec des millions de vies innocentes, a déclaré Amnesty International vendredi 17 février.

Cet appel fait suite à une semaine de réunions aux Nations unies, durant lesquelles ont été finalisés certains détails concernant les négociations finales relatives au TCA, qui auront lieu en juillet.

Plusieurs gouvernements, dont ceux de l’Égypte, de l’Iran, du Pakistan et de la Syrie essaient en effet de bloquer quelque accord que ce soit. D’autres essaient d’édulcorer les garanties figurant dans le traité qui sont susceptibles de protéger les droits humains.

« Nous ne pouvons permettre à quelques gouvernements de prendre l’humanité en otage lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi important que le TCA », a estimé Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International. « C’est d’autant plus choquant que certains des gouvernements en question n’hésitent pas à recourir aux armes contre leur propre peuple. »

« Ces discussions sont une occasion historique de parvenir à un accord international qui permette d’empêcher que des armes soient envoyées là où il existe un risque élevé qu’elles soient utilisées contre des civils. Cet accord pourrait sauver des vies et protéger les droits humains. »

Des atteintes graves aux droits humains ont été perpétrées dans le monde entier à l’aide d’un vaste éventail d’armes. C’est ainsi que des millions de personnes, dans des pays aussi divers que le Mexique, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Soudan et la Syrie, ont été tuées, blessées, violées et forcées à fuir leur domicile.

Amnesty International demande l’adoption d’un traité qui permettra de suspendre un transfert international d’armes lorsqu’il existe un risque important que les armes en question soient utilisées pour commettre ou favoriser des violations graves des droits humains. Mais ce résultat potentiel est menacé car plusieurs gouvernements essaient de mettre en place, en prévision des négociations de juillet, des règles qui limiteraient la portée du traité.

Plusieurs États, parmi lesquels la Chine, les États-Unis et la Russie s’opposent à l’inclusion de garanties fortes en matière de droits humains. Ceux qui sont généralement en faveur de telles garanties, comme le Royaume-Uni, n’ont pas encore donné l’assurance qu’ils réclameront leur ajout à l’accord final.

« Au fil des années, certains gouvernements ont opposé une résistance farouche à l’idée d’un TCA fort, mais ils n’ont pas pu rester indifférents aux voix de millions de personnes à travers le monde », a déclaré Salil Shetty.

« Or, comme nous l’avons observé au cours de l’année écoulée, les gens sont prêts à revendiquer leurs droits et à affronter ceux qui entendent utiliser ces armes pour les soumettre. Nous devons veiller à ce que ces voix soient entendues à New York en juillet. »

Amnesty International a récemment révélé que les États-Unis, la Russie et plusieurs pays européens ont fourni de très nombreuses armes à des gouvernements répressifs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord avant les soulèvements de cette année, tout en sachant qu’il existait un risque considérable que ces armes soient utilisées pour commettre de graves violations des droits humains.

La semaine dernière à peine, Amnesty International a expliqué comment des armes russes et chinoises fournies au Soudan alimentaient la violence et les déplacements massifs continuant à faire rage au Darfour.

Amnesty International est, depuis plus de dix ans, en première ligne de la campagne menée en faveur d’un traité fort sur le commerce des armes. Une délégation se trouvait à New York dans le but d’effectuer un travail de pression en direction des représentants des gouvernements sur la nécessité de protéger les droits humains dans le cadre de cet accord.

Amnesty International est l’une des organisations de la société civile ayant lancé la campagne Contrôlez les armes en 2003. Trois ans plus tard aux Nations unies, 153 gouvernements se sont finalement prononcés en faveur de l’élaboration d’un traité mondial sur le commerce des armes. Les négociations de juillet constitueront le stade final d’une campagne longue d’une décennie.

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