NÉPAL : L’état d’urgence aggrave la crise des droits humains - La prise du pouvoir par le roi suscite des craintes quant à la sécurité des voix dissidentes

Index AI : ASA 31/008/2005
ÉFAI

Mardi 1er février 2005

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Aujourd’hui, 1er février 2005, après avoir limogé le gouvernement, le roi du
Népal, Gyanendra Bir Bikram, a pris tout le pouvoir entre ses mains et
décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays. « Cette situation attise
la crise que traverse le pays et accroît le risque d’atteintes aux droits
humains du peuple népalais », ont déclaré aujourd’hui Amnesty International,
Human Rights Watch et la Commission internationale de juristes. Le conflit
qui oppose depuis neuf ans les forces gouvernementales et les rebelles du
Parti communiste népalais (maoïste) s’accompagne d’atteintes généralisées
aux droits humains.

Plusieurs dirigeants politiques ont été arrêtés et les communications avec
le monde extérieur ont été coupées. Tous les médias indépendants ont été
fermés et la radio officielle a annoncé la suspension de plusieurs libertés,
notamment la liberté de circulation et la liberté de réunion.

« La communauté internationale doit signifier immédiatement au roi qu’en
prenant le pouvoir, il devient directement responsable de la sécurité du
peuple népalais et de la protection de ses droits humains fondamentaux »,
ont encore déclaré les trois organisations. Plusieurs pays, dont l’Inde, ont
déjà fait part de leur inquiétude face à cette situation.

Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission internationale de
juristes ont des craintes pour la sécurité immédiate des défenseurs des
droits humains, des militants politiques et des membres de la Commission
nationale des droits humains qui depuis peu sont de plus en plus harcelés
tant par les forces de sécurité que par les maoïstes.

Ces organisations demandent à la Commission des droits de l’homme des
Nations unies de nommer un rapporteur spécial pour surveiller la situation
des droits humains au Népal lors de sa prochaine session en mars 2005 à
Genève.

Les droits humains fondamentaux doivent être intégralement garantis, même en
cas d’état d’urgence. Il s’agit notamment du droit à la vie, de
l’interdiction de la torture et des mauvais traitements, du droit à un
procès équitable et de l’interdiction de la détention arbitraire. Les
organisations mentionnées ci-dessus craignent que les mesures prises par le
roi et par l’armée ne soient trop générales, arbitraires et excessives.

En 2001-2002, l’état d’urgence s’était accompagné d’un redoublement des
atteintes graves aux droits humains, en particulier d’exécutions
extrajudiciaires, de « disparitions », de détentions arbitraires et de
l’effondrement de l’état de droit.

La prise de pouvoir par le roi Gyanendra Bir Bikram intervient une semaine
après sa rencontre avec Louise Arbour, haut-commissaire des Nations unies
aux droits de l’homme. Cette dernière lui avait alors fait part de son
inquiétude concernant la crise des droits humains au Népal. Elle avait noté
un climat d’impunité généralisé qui favorisait de graves atteintes aux
droits humains de la part du gouvernement et des maoïstes.

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