NÉPAL : Les droits humains doivent constituer un élément central de l’ordre du jour de la conférence qui se tient à Londres

Index AI : ASA 31/046/02

Alors que s’ouvre aujourd’hui (mercredi 19 juin 2002), à Londres, la première réunion intergouvernementale sur le Népal, Amnesty International appelle les gouvernements qui y participent à placer les droits fondamentaux des civils en tête de liste des priorités.

La Chine, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Norvège, la Russie, l’Union européenne et des institutions internationales telles que la Banque mondiale sont présents à cette réunion, qui se déroule sous les auspices du gouvernement du Royaume-Uni. L’objectif de cette rencontre est d’établir une stratégie pour faire face à la détérioration rapide de la situation au Népal, où le Parti communiste népalais (PCN) maoïste a déclaré une " guerre populaire " il y a six ans.

Tout en étant consciente de la gravité de la menace que fait peser sur la sécurité du Népal cette " guerre populaire ", Amnesty International appelle la communauté internationale à élaborer une stratégie globale permettant de protéger l’ensemble des droits fondamentaux de la population, qu’il s’agisse du droit à l’éducation, aux services et au développement économique ou du droit à la vie, à l’intégrité physique et à un procès équitable.

Amnesty International est consciente de la nécessité de protéger les civils mais elle s’oppose à tout transfert d’équipements ou de compétences dans les domaines militaire et de sécurité permettant de commettre des violations des droits humains. L’organisation a appelé tous les gouvernements fournisseurs d’armes à appliquer les conditions les plus strictes pour que soient respectés les normes internationales relatives aux droits humains et le droit international humanitaire.

Le Népal a demandé une aide militaire aux États-Unis, à l’Inde et au Royaume-Uni. À la connaissance d’Amnesty International, l’Inde a fourni à ce jour deux hélicoptères, et le Congrès américain a approuvé l’attribution d’une enveloppe de 20 millions de dollars d’aide militaire au Népal. Le gouvernement du Royaume-Uni serait en train d’étudier une demande d’aide militaire et d’aide au développement.

Amnesty International a rendu compte du nombre croissant d’atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité et les maoïstes depuis le début de la " guerre populaire ". La dégradation de l’état de droit a créé un climat invivable pour les civils et renforce l’instabilité du pays. En insistant sur le respect des droits humains et du droit international humanitaire, la communauté internationale contribuerait à faire décroître la violence et à protéger les civils vulnérables.

Complément d’information

Depuis que la " guerre populaire " a été déclarée en février 1996 par le Parti communiste népalais (PCN) maoïste, Amnesty International n’a cessé de faire état des atteintes graves aux droits humains dont se sont rendus coupables les forces de sécurité et les maoïstes au Népal. L’attitude des autorités, qui n’ont pas imposé aux forces de sécurité de limites strictes concernant le recours à la force et aux armes à feu et n’ont pris aucune mesure efficace pour lutter contre les violations, est devenue de plus en plus préoccupante. La situation est devenue encore plus préoccupante depuis que les autorités ont appelé l’armée en renfort et ont décrété l’état d’urgence à la fin du mois de novembre 2001. Depuis lors, les allégations faisant état d’homicides illégaux ont progressé de manière alarmante.

Il s’agissait soit de civils tués en représailles d’homicides perpétrés par des maoïstes contre des membres de l’armée ou de la police soit de maoïstes abattus alors qu’ils étaient en détention où qu’ils avaient déjà été faits prisonniers. Des cas de recours à la force meurtrière qui auraient pu être évités ont également été signalés.

Les maoïstes, qui contrôlent désormais une partie non négligeable du pays, ont pris environ 500 otages ; ils ont torturé de très nombreuses personnes et recruté des enfants soldats ; des personnes ont été condamnées à mort par leurs " tribunaux populaires ". Les maoïstes se sont attaqués aux forces de sécurité mais aussi à des cibles socio-économiques telles que des usines et des installations de télécommunication.

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