« L’établissement d’un mécanisme indépendant de reddition de comptes pour le Nicaragua est une avancée essentielle vers la justice, la vérité et des réparations pour les crimes et abus perpétrés dans ce pays depuis 2018. Il convient de saluer le Conseil des droits de l’homme pour avoir pris cette décision cruciale, et pour avoir envoyé aux victimes un message fort afin de leur montrer qu’elles ne sont pas seules dans leur combat contre l’impunité. Les auteurs de ces violations doivent désormais savoir qu’il sera impossible de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains. Les autorités nicaraguayennes doivent mettre immédiatement fin à la répression en cours », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Complément d’information
Le 31 mars 2022, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution établissant un mécanisme indépendant de reddition des comptes pour le Nicaragua, qui est mandaté pour enquêter, recueillir des éléments de preuve et établir les responsabilités pour les violations des droits humains et les crimes de droit international perpétrés depuis 2018.
L’adoption de cette résolution fait suite à un appel [1] lancé le mois dernier par plus de 20 organisations nicaraguayennes, régionales et internationales de défense des droits humains, parmi lesquelles Amnesty International, demandant au Conseil des droits de l’homme de renforcer son action face à la crise.
Le Nicaragua traverse une crise des droits humains depuis 2018. Plus de 300 personnes ont été tuées et des centaines d’autres soumises à des arrestations arbitraires, tandis que des milliers d’autres encore ont été forcées à fuir le pays. Le gouvernement a révoqué les permis de dizaines d’organisations de la société civile, et lancé des attaques contre de nombreux médias indépendants.
L’an dernier, dans le contexte des élections, la situation s’est encore dégradée lorsque les forces de sécurité ont arrêté des dizaines d’opposant·e·s présumés, notamment des journalistes indépendants, des candidat·e·s potentiels et des militant·e·s politiques. Certaines de ces personnes ont été soumises à une disparition forcée - qui constitue un crime de droit international - pendant des semaines, voire des mois.
Le gouvernement nicaraguayen a refusé à plusieurs reprises de coopérer avec des mécanismes régionaux ou internationaux de défense des droits humains afin de mettre un terme à la crise de ces droits dans le pays.