Des manifestations, parfois violentes, ont éclaté le 23 février dans la capitale Niamey et plusieurs villes à la suite de l’annonce des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle, le 21 février. Les manifestant·e·s ont aussi érigé des barricades dans les rues de Niamey, que les forces de sécurité ont ensuite retirées. Le ministère de la Sécurité publique a indiqué dans une déclaration télévisée que deux personnes sont mortes dans ce climat de tensions. L’identité des victimes et les circonstances de leur décès n’ont pas encore été précisées. Les émeutiers et les manifestants ont vandalisé la maison du journaliste Moussa Kaka, correspondant local de Radio France Internationale (RFI), le 24 février. Des bâtiments publics et des propriétés privées ont également été saccagés lors des émeutes.
« Toutes les parties doivent faire preuve de retenue dans cette situation déjà tendue. Nous appelons les autorités nigériennes à enquêter sur ces décès, à poursuivre en justice les responsables présumés dans le cadre de procès équitables et à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à tous d’exercer le droit de manifester pacifiquement, a déclaré Ousmane Diallo, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Les journalistes doivent pouvoir faire leur travail et la population a le droit d’être informée. Il faut prendre toutes les mesures raisonnables afin de protéger les professionnels des médias et la liberté d’expression au Niger. »
« Nous appelons les autorités nigériennes à enquêter sur ces décès, à poursuivre en justice les responsables présumés dans le cadre de procès équitables et à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à tous d’exercer le droit de manifester pacifiquement »
Mohamed Bazoum, du parti au pouvoir, a été déclaré vainqueur, face au candidat de l’opposition Mahamane Ousmane. Ce dernier a contesté les résultats et s’est autoproclamé vainqueur du scrutin.
Au lendemain des manifestations, plus de 470 personnes, dont des opposants et leurs partisans, ont été arrêtées. Amnesty International appelle les autorités à respecter le droit à un procès équitable des accusés et à libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes soumises à une arrestation arbitraire.
L’accès à Internet est coupé au Niger depuis le 24 février. Les autorités et les entreprises de télécommunications n’ont pas encore communiqué publiquement au sujet de l’interruption des services Internet.
Amnesty International s’est entretenue avec plusieurs personnes à Niamey et Diffa. Elles confirment utiliser des technologies VPN et satellite pour contourner l’interdiction.
Dans un jugement concernant les coupures d’Internet au Togo, la cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a statué que l’accès à Internet fait partie intégrante du droit à la liberté d’expression et doit être protégé par la loi.
« Les autorités et les entreprises de télécommunications doivent rétablir sans attendre l’accès aux services Internet, afin que chacun·e puisse exercer son droit à la liberté d’expression et d’information, a déclaré Ousmane Diallo.
« La coupure d’Internet en vigueur actuellement constitue une violation flagrante de ces droits et va à l’encontre des normes internationales et des récentes décisions de la cour de justice de la CEDEAO. »