NIGERIA. Amnesty International condamne la censure du débat sur Internet

Déclaration publique

ÉFAI- 7 avril 2010

Ce mercredi 7 avril, Amnesty International a fait savoir qu’elle condamnait le jugement rendu par un tribunal islamique, qui a interdit à un groupe de défense des droits humains d’organiser sur Internet des débats relatifs aux peines d’amputation. Ce tribunal a manqué une occasion de réaffirmer les droits à la liberté d’expression et à la liberté d’information, reconnus par la Constitution nigériane et le droit international.

Le 30 mars 2010, le tribunal de la charia de Magajin Gari, à Kaduna, a ordonné au Civil Rights Congress (CRC), une organisation non gouvernementale, de cesser immédiatement d’ouvrir des forums en ligne « sur Facebook, Twitter ou tout autre blog dans la finalité de débattre de l’amputation de Malam Bello Jangebe ». Le CRC avait lancé ce débat pour marquer le dixième anniversaire de l’amputation du poignet droit de cet homme.

« Rien ne peut justifier qu’on empêche des personnes d’exprimer sur Internet leur opinion au sujet d’un jugement qui a été décidé dans un tribunal et rendu publiquement, a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International. Cette décision n’est pas conforme à la Constitution nigériane, ni aux obligations et engagements internationaux auxquels est tenu le pays en matière de droits humains. »

La liberté d’expression constitue l’une des conditions essentielles pour l’épanouissement et le développement de chaque personne. Elle est la pierre de touche de tous les droits humains universellement reconnus.

« Internet est un espace précieux pour le débat libre qui doit être protégé. Un ordre qui empêche les personnes de commenter un jugement par ce biais porte atteinte au droit d’être informé et d’exprimer ouvertement des avis et des opinions. »

Le gouvernement nigérian a la responsabilité de veiller à ce que l’accès des citoyens à l’information ne soit pas restreint.

La section 39 de la Constitution du Nigeria garantit la liberté d’expression et la liberté de recevoir et de partager des informations. Elle permet en outre à toute personne de « posséder, créer et utiliser tout média pour la diffusion d’informations, d’idées et d’opinions ». Le débat sur un forum de discussion en ligne s’inscrit clairement dans la réalisation de ces droits.

Aucune peine d’amputation ou de lapidation n’a été exécutée ces dernières années, mais les prisons visitées par Amnesty International en 2007 comptaient plusieurs détenus en attente d’une amputation.

« Les amputations et les autres châtiments corporels constituent des actes de torture et des peines inhumaines ou dégradantes, qui sont interdites par la Constitution du Nigeria et par les traités internationaux relatifs aux droits humains auxquels ce pays est partie », a ajouté Tawanda Hondora.

Les châtiments corporels, notamment la flagellation, l’amputation et la lapidation jusqu’à ce que mort s’ensuive, demeurent légaux selon la charia (loi islamique), qui a été adoptée par douze États du nord du Nigeria depuis 1999.

Amnesty International a exhorté les autorités nigérianes à réexaminer et commuer sans délai toutes les peines d’amputation et de lapidation.

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