Nigeria : Un homicide commis par la police doit faire l’objet d’une enquête

Les autorités nigérianes doivent enquêter sur le meurtre d’un homme qui a été abattu par la tristement célèbre unité de la police appelée Brigade spéciale de répression des vols (SARS), alors qu’il regardait un match de football à la télévision, à Lagos, hier, a déclaré Amnesty International.

Kolade Johnson aurait été abattu de façon accidentelle par des policiers de la Brigade spéciale de répression du sectarisme (SACS) – une division de la SARS – qui étaient à la poursuite d’un homme dans un lieu de retransmission télévisée d’un match de football.

Amnesty International a rassemblé des informations sur un certain nombre de cas de violations graves des droits humains commises par la SARS depuis 2016.

« Kolade Johnson est la dernière victime en date de la SARS, qui est devenue tristement célèbre en raison des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et de l’extorsion qu’elle pratique, a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.

« Il s’agit manifestement d’un homicide illégal, qui doit faire l’objet d’une enquête impartiale et exhaustive, et tout policier soupçonné d’en être pénalement responsable doit être déféré à la justice dans le cadre d’un procès équitable et devant une juridiction civile de droit commun.

« Il est désolant de constater que, plus de deux ans après qu’Amnesty International a attiré l’attention sur les crimes de droit international et les violations des droits humains commis par la SARS, de tels agissements se poursuivent sans relâche. »

Selon les médias, Kolade Johnson a été touché par une balle perdue alors que des agents de la SACS tentaient de disperser la foule lors d’une opération visant à arrêter un autre homme.

Cet homicide a suscité l’indignation de l’opinion publique ; plusieurs milliers de personnes ont utilisé le hashtag #EndSARS au cours des dernières 24 heures.

« Les Nigérians n’acceptent plus les violences policières dont ils sont presque quotidiennement victimes, a déclaré Osai Ojigho.

« La SARS est une unité de la police qui a été créée pour protéger les gens. Mais elle est à l’inverse devenue dangereuse pour la société : elle torture ses victimes en toute impunité et instaure un climat nocif de peur et de corruption. »

Les investigations menées par Amnesty International sur les activités de la SARS dans tout le Nigeria depuis 2016 mettent en lumière les activités cruelles d’une brigade de la police opérant en dehors de la loi.

Le rapport de septembre 2016 intitulé Nigeria : You have signed your death warrant, montrait que la SARS torturait systématiquement les détenus pour leur extorquer des aveux et des pots-de-vin.

Tous les engagements pris par la suite par les autorités en vue de réformer la SARS, y compris par le vice-président Yemi Osinbajo, en août de l’an dernier, n’ont abouti à rien.

Alors qu’elle est formellement chargée de lutter contre la criminalité violente, la SARS enquête parfois sur des affaires civiles, et elle a torturé des détenus impliqués dans des litiges d’ordre contractuel, commercial, voire familial. Les victimes de crimes commis par la SARS n’ont souvent pas la possibilité de se défendre juridiquement contre des accusations criminelles et la torture.

« Les autorités doivent faire bien davantage pour mettre fin aux violations des droits humains commises par la SARS, notamment au recours inutile et excessif à la force, aux exécutions extrajudiciaires, à la torture, à la détention arbitraire et à l’extorsion. »

« Les autorités doivent faire bien davantage pour mettre fin aux violations des droits humains commises par la SARS, notamment au recours inutile et excessif à la force, aux exécutions extrajudiciaires, à la torture, à la détention arbitraire et à l’extorsion. Des réformes de grande ampleur doivent être mises en place pour que les Nigérians puissent faire confiance à la police et croire en sa mission de protection de la population, a déclaré Osai Ojigho.

« Les preuves des crimes et des violations des droits humains commises par la SARS sont largement disponibles, y compris dans les rapports d’Amnesty International, et elles peuvent contribuer à des enquêtes efficaces sur les agissements criminels de cette brigade. »

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