Nigeria : l’ONU exhorte Shell à revoir complètement ses procédures de dépollution dans le delta du Niger

Dans son rapport sur l’impact de la pollution pétrolière dans le delta du Niger, au Nigeria, l’ONU exhorte la compagnie pétrolière Shell à revoir complètement ses procédures de nettoyage des déversements dans la région.

Selon le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), rendu public à Londres vendredi 5 août, les procédures de nettoyage des déversements pétroliers mises en œuvre par Shell dans le pays ogoni, dans le delta du Niger, sont insuffisantes, ce qui confirme une situation qu’Amnesty International a montrée du doigt à maintes reprises.

« Les conclusions du rapport de l’ONU donnent du poids à ce qu’Amnesty International et d’autres dénoncent depuis des années concernant les activités de Shell dans le delta du Niger, a indiqué Audrey Gaughran, en charge des questions relatives aux enjeux internationaux à Amnesty International.

« Qu’une équipe de l’ONU établisse qu’il est parfois impossible de faire la différence entre des sites soi-disant " nettoyés " de toute pollution pétrolière et des sites contaminés est profondément choquant, et terriblement représentatif de l’absence de considération de Shell pour les répercussions de la pollution pétrolière sur les habitants. Shell doit immédiatement mettre en œuvre les recommandations de l’ONU et procéder à une refonte totale de ses procédures de nettoyage dans le delta. »

Après avoir examiné plusieurs déversements récents, le PNUE a constaté qu’il y avait toujours un délai entre le moment où la fuite était signalée et celui où elle était réparée. Dans le pire des cas, le pétrole déversé sur le sol représentait un risque imminent pour la sécurité et un danger pour l’environnement.

De nombreuses régions du delta du Niger demeurent polluées, car les entreprises se sont abstenues de décontaminer et de réhabiliter la terre et l’eau.

Shell rétorque que la majorité des déversements d’hydrocarbures sont dus au vol, au vandalisme ou au sabotage et sont le fait de groupes de militants. Cependant, cette affirmation est largement controversée et aucune évaluation indépendante ne permet d’établir les véritables causes des fuites.

Amnesty International et Les Amis de la Terre ont porté plainte contre le géant pétrolier Shell concernant ses déclarations erronées au sujet du sabotage.

Les habitants du pays ogoni sont exposés à une contamination grave et généralisée depuis des dizaines d’années, selon le rapport de l’ONU, qui met également en lumière la coupable incapacité du gouvernement nigérian à réglementer et contrôler des entreprises telles que Shell.

Le PNUE met le doigt sur la faiblesse des organismes de surveillance au Nigeria et déplore que l’organisme national chargé d’enquêter sur les déversements de pétrole dépende trop souvent des compagnies pétrolières pour accomplir sa mission.

Il relève également qu’il existe dans le pays ogoni d’autres sources de pollution, relativement nouvelles mais inquiétantes, telles que le raffinage clandestin. Cependant, il ne fait aucun doute que les pratiques douteuses mises en œuvre par Shell depuis des dizaines d’années constituent un facteur majeur de contamination de la région.

Aux termes de la réglementation nigériane, les compagnies pétrolières doivent nettoyer tous les déversements d’hydrocarbures, quelle qu’en soit la cause. Force est de constater qu’elle n’est guère appliquée.

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