Communiqué de presse

Nigeria. Le sort d’un homme ayant « disparu » après avoir publié des photos sur Twitter suscite une inquiétude croissante

Le sort d’un homme qui a disparu il y a 11 jours après avoir publié sur Twitter des photos d’une tentative d’évasion commise à Abuja suscite des inquiétudes de plus en plus vives, a déclaré Amnesty International vendredi 11 avril en se joignant à une action lancée sur Twitter en faveur de cet homme.

Ce dernier, dont la famille a révélé qu’il s’appelait Yusuf Siyaka Onimisi, n’a pas été vu ni entendu depuis le 30 mars. Avant de disparaître, il a publié sur Twitter des commentaires et des images ayant trait aux affrontements entre les forces de sécurité nigérianes et des détenus qui avaient tenté de s’évader du quartier général du Service de sécurité de l’État. Ces échauffourées, qui ont fait 21 morts parmi les détenus, ont débuté alors qu’il travaillait, semble-t-il, sur un transformateur électrique installé dans l’enceinte de la résidence présidentielle toute proche.

« Les forces de sécurité nigérianes doivent révéler immédiatement où se trouve Yusuf Siyaka Onimisi et quelle est sa situation au regard de la loi. Si cet homme est détenu, les autorités nigérianes doivent l’inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi ou le libérer immédiatement », a déclaré Netsanet Belay, directeur de la recherche et des actions de plaidoyer pour l’Afrique à Amnesty International.

On ignore encore où se trouve Yusuf Siyaka Onimisi mais, selon des témoins, il a été arrêté devant son bureau par des hommes armés en civil, ce qui laisse craindre que les autorités ne l’aient soumis à une disparition forcée. Il courrait ainsi un risque accru de subir des actes de torture ou d’être victime d’une exécution extrajudiciaire. Pour l’instant, le Service de sécurité de l’État n’a ni reconnu ni nié le détenir.

Amnesty International s’est entretenue avec Sanusi Onimisi, le frère du disparu, qui a indiqué que celui-ci était l’aîné de cinq enfants et occupait un poste d’ingénieur en électricité.

« Il a été arrêté il y a 11 jours sans que sa famille ne soit informée de quoi que ce soit, a déclaré Sanusi Onimisi. Si les pouvoirs publics traitent les citoyens de cette manière, qui sont les terroristes ? Qui représente une menace ? La famille est maintenue dans l’ignorance. Si vous le détenez ou si une condamnation à mort doit être prononcée, alors dites-le à sa famille. »

Amnesty International s’est jointe à une action lancée sur Twitter par des militants locaux (hashtag #FreeCiaxon) qui appellent le Service de sécurité de l’État à libérer Yusuf Siyaka Onimisi.

Le Service de sécurité de l’État a ouvert une enquête sur la tentative d’évasion commise à Abuja et affirme que les détenus concernés étaient soupçonnés d’appartenir à Boko Haram. Cependant, le gouvernement n’a pas encore livré tous les détails de l’affaire.

Dans un document publié à la fin mars, Amnesty International a rassemblé des informations sur l’exécution extrajudiciaire de plus de 600 détenus évadés des baraquements de Giwa, centre de détention militaire situé à Maiduguri. Ces faits seraient imputables aux forces de sécurité nigérianes.

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