NIGERIA. Un défenseur des droits humains agressé par un policier

Index AI : AFR 44/009/2010
ÉFAI-7 juin 2010

Ce lundi 7 juin, Amnesty International a appelé les autorités nigérianes à ouvrir immédiatement une enquête sur l’agression de Justine Ijeomah, un défenseur des droits humains, par un policier de Port-Harcourt.

Dans l’après-midi du mercredi 26 mai 2010, Justine Ijeomah, secrétaire de l’Organisation des libertés publiques (CLO), une ONG, a été victime de violences aux mains d’un policier alors qu’il était en garde à vue au poste de police Mile 1. Selon lui, on l’avait fait sortir d’une cellule et asseoir derrière le comptoir du poste quand il a été agressé de manière injustifiée par un policier, qui lui a cogné la tête contre un mur à quatre reprises.

Justine Ijeomah a été arrêté en début d’après-midi, après qu’un mineur pour lequel il s’était porté garant n’est pas revenu au poste de police à l’horaire convenu. Il a passé environ deux heures dans la cellule de garde à vue avant que son avocat et d’autres défenseurs des droits humains prévenus de son arrestation n’interviennent pour qu’on le fasse sortir de la cellule, ce qu’ils ont obtenu. Il a été libéré sans inculpation plus tard dans la journée.

Justine Ijeomah a déclaré avoir été blessé à l’œil droit au cours de son agression et avoir eu de violents maux de tête pendant plusieurs jours par la suite. Après sa libération, il a été hospitalisé et gardé en observation toute une nuit. Placé sous antibiotiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens, il est sorti de l’hôpital le lendemain matin.

L’usage illégal de la force contre Justine Ijeomah et sa détention arbitraire doivent faire l’objet d’une enquête exhaustive et les responsables présumés doivent être conduits devant la justice. Les brutalités policières sont bien trop courantes au Nigeria. Cette culture ne changera pas tant que les autorités ne traduiront pas en justice les policiers qui ont recours à la force de manière injustifiée et illégale, qui ont pour politique de « tirer pour tuer », qui procèdent à des exécutions extrajudiciaires, qui soumettent des personnes à des disparitions forcées, qui extorquent de l’argent ou qui détiennent illégalement des suspects.

Justine Ijeomah mérite un examen immédiat, indépendant, impartial et compétent de sa plainte et les responsables présumés de sa détention arbitraire et de son agression, dont on connaît l’identité, doivent être conduits devant la justice.

Complément d’information

Le 23 avril 2010, Justine Ijeomah et trois autres membres de la section de l’État de Rivers de l’Organisation des libertés publiques (CLO) ont été interceptés dans leur véhicule et interrogés par cinq policiers. Pendant que la voiture était fouillée, l’un des policiers aurait, sans raison apparente, menacé de tirer sur eux, puis il aurait giflé Justine Ijeomah et l’aurait frappé à la poitrine. Les quatre hommes ont été conduits au poste de police d’Olu Obasanjo, avant d’être relâchés par le commissaire divisionnaire.

Le 5 avril 2010, trois défenseurs des droits humains ont été agressés et placés en détention par des policiers à Port-Harcourt. Isaac Asume Osuoka, AkpoBari Celestine et Ken Henshaw, qui font partie de l’ONG Social Action, ont été interceptés en voiture et arrêtés par la police après avoir quitté leur lieu de travail.

AkpoBari Celestine a déclaré avoir été battu à plusieurs reprises à coups de crosse de pistolet, frappé avec le canon de cette arme aux bras et aux jambes et giflé, tandis qu’au moins six hommes armés, dont au moins trois policiers en uniforme, forçaient les militants à sortir de leur voiture et à monter dans une camionnette blanche. Isaac Asume Osuoka, AkpoBari Celestine et Ken Henshaw n’ont pas été informés du motif de leur arrestation, mais ils ont été conduits au poste de police d’Olu Obasanjo, à Port-Harcourt. Ils ont été libérés sans inculpation vers minuit, après avoir alerté des amis et des collègues habitant sur place qui sont intervenus en leur faveur.

La police nigériane continue de commettre de multiples violations des droits humains en toute impunité, notamment des détentions arbitraires, des actes de torture, d’autres mauvais traitements, des homicides illégaux et des disparitions forcées. Les défenseurs des droits humains, les médecins et les avocats qui travaillent sur des cas de violations aux mains de policiers sont souvent la cible d’actes d’intimidation. Amnesty International s’est entretenue avec de nombreux défenseurs des droits humains qui ont été passés à tabac, harcelés et soumis à des manœuvres d’intimidation par la police lorsqu’ils ont demandé des informations au sujet de suspects.

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