Si Bimbo Osobe avait baissé les bras et renoncé à la lutte, on lui pardonnerait volontiers. Cette femme est l’une des milliers de personnes qui ont assisté, impuissantes, à la démolition de leurs maisons et de leurs commerces à Badia-Est (État de Lagos) lors d’une opération d’expulsion forcée menée sur ordre des autorités le 23 février 2013.
La première fois qu’Amnesty l’a rencontrée, en mai 2013, Bimbo Osobe dormait dehors, sous une moustiquaire. Elle venait d’avoir une crise de paludisme. Comme ses moyens de subsistance avaient été détruits, elle ne pouvait se nourrir et se vêtir que grâce à l’aide d’amis ou de personnes de bonne volonté.
Elle avait envoyé ses enfants vivre chez des parents, pour leur épargner les privations et l’angoisse par lesquelles elle passait.
Mais Bimbo ne veut pas être une victime. Ce qu’elle veut, c’est la justice. Et lorsque nous l’avons retrouvée en août, elle avait déjà entrepris d’améliorer par l’action militante sa situation et celle de sa communauté.
Grâce à la bienveillance d’une personne, Bimbo a trouvé un hébergement dans un secteur de Badia-Est épargné par les bulldozers. Elle aide d’autres habitants à trouver eux aussi une solution de logement acceptable, et à obtenir des indemnités. Elle vit toujours séparée de ses enfants, mais leur envoie des manuels scolaires achetés avec les dons de personnes qui soutiennent sa cause.
Lors du lancement en août du rapport d’Amnesty sur Badia-Est, Bimbo entraînait les autres habitants à entonner des chants de solidarité et d’encouragement. Elle n’a pas cessé de s’adresser à tous avec passion, et a fait fonction d’interprète dans un atelier sur les droits en matière de logement.
Lors d’une table ronde sur le droit à un logement convenable dans l’État de Lagos, Bimbo a exhorté les autorités à reloger les personnes touchées et à leur verser une indemnisation.
Amnesty fait campagne pour obtenir l’arrêt des expulsions forcées à Badia-Est et pour que toutes les personnes touchées soient indemnisées et protégées. L’avenir reste menaçant : le gouvernement de l’État a indiqué qu’il avait l’intention de démolir toutes les habitations, dans le cadre de deux opérations d’expulsion massive.
La solidarité internationale est essentielle pour donner aux habitants de Badia-Est la force de continuer leur combat pour obtenir un logement convenable. « Nous remercions Amnesty International de nous avoir soutenus après la démolition, a déclaré Bimbo, et nous espérons que vous allez continuer à nous aider dans la lutte pour le respect de nos droits. »
Le groupe de militants dont fait partie Bimbo prévoit d’afficher au centre associatif où il se réunit toutes les cartes de solidarité reçues.