Nouveau sondage d’Amnesty International sur la question des réfugiés

Près des trois-quarts des jeunes autour du monde se disent prêts à accueillir des réfugiés dans leur pays.

Un nouveau sondage publié par la World Economic Foundation (WEF) sur l’attitude des jeunes envers les réfugiés révèle que les gouvernements ne sont pas en phase avec leurs citoyens.

Selon l’enquête annuelle de Global Shapers, la vaste majorité (72,6 %) des personnes interrogées âgées entre 18 et 35 ans se disent prêtes à accueillir des réfugiés dans leur pays. Plus d’un quart – 27,3 % – déclarent qu’elles les accueilleraient même sous leur propre toit.

« Les gens qui fuient les violences et les persécutions dans le monde ont maintes fois vu les portes se refermer devant eux, les gouvernements des pays riches affirmant qu’ils ne peuvent pas les aider. Les recherches de la World Economic Foundation montrent que les jeunes ne sont pas cet avis et sont consternés par l’attitude insensible de leurs dirigeants, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Près de deux ans après que la photo d’Alan Kurdi a choqué le monde entier, de nombreux gouvernements ne se montrent toujours pas à la hauteur de leurs timides engagements en matière de réinstallation et 2017 s’annonce comme l’année la plus meurtrière pour les migrants et les réfugiés qui traversent la Méditerranée. Pourtant, ce n’est pas une fatalité : bien trop souvent, ce sont les lois et les politiques qui sont les principaux obstacles aux réactions d’empathie des simples citoyens. »

En 2016, Amnesty International a publié son propre sondage dans le cadre de sa campagne J’accueille !, selon lequel quatre personnes sur cinq se disaient prêtes à accueillir des réfugiés dans leurs pays. Les résultats du sondage de la World Economic Foundation montrent que peu de choses ont changé.

À la question de savoir ce que les gouvernements doivent faire au sujet des réfugiés, plus de la moitié des personnes interrogées (55 %) ont répondu qu’ils devraient « tenter d’intégrer les réfugiés dans la main d’œuvre nationale ». Seuls 3,5 % estiment qu’ils devraient les « expulser ».

Il est à noter qu’aux États-Unis, 85 % des jeunes affirment qu’ils accueilleraient des réfugiés dans leurs pays, soit une augmentation de plus de 10 % par rapport à l’enquête de l’an dernier.

« Cela dément l’assertion de Donald Trump, persuadé que sa rhétorique haineuse anti-réfugiés fait écho à l’opinion de la population américaine. Il est encourageant de constater que nombre de jeunes résistent aux propos toxiques du président Donald Trump – et il est vital que leurs voix soient entendues », a déclaré Salil Shetty.

La campagne J’accueille ! d’Amnesty International continue de mobiliser le public afin de demander aux États d’en faire davantage pour accueillir les réfugiés. Dans le cadre de cette campagne, Amnesty International et Sofar Sounds organiseront des concerts dans plus de 200 villes autour du globe le 20 septembre en soutien aux droits des réfugiés. Baptisée Ouvrons la porte, cette série de concerts réunira des artistes majeurs comme Ed Sheeran et des réfugiés musiciens, qui donneront des concerts secrets dans le salon de citoyens ordinaires.

Cette date marque l’anniversaire du Sommet des dirigeants sur les réfugiés du 20 septembre 2016 à New York, où les dirigeants du monde ont pris des engagements qui sont bien en-deçà des besoins pour faire face à la crise mondiale des réfugiés.

La campagne J’accueille ! d’Amnesty International demande à tous les gouvernements de faire davantage pour garantir la protection des réfugiés et veiller à ce qu’ils jouissent de leurs droits fondamentaux. Elle vise également à mettre en place une solidarité populaire avec les réfugiés, notamment par le biais de programmes menés au niveau local pour parrainer des réfugiés.

Dans le cadre de cette campagne, Amnesty International a recueilli les témoignages de personnes qui accueillent des réfugiés au sein de leurs communautés. Vous trouverez ci-dessous un bref aperçu de certaines de ces rencontres. Des supports vidéo sont disponibles pour toutes.

Études de cas de la campagne J’accueille !

Des images vidéo et des vidéos sans montage sont disponibles sur demande.

La famille Alftih

Mohammed et Randa Alftih et leurs quatre enfants ont été réinstallés à Peterborough, en Ontario, avec l’aide de parrains de la communauté, après avoir fui les conflits à Alep. La famille est bien intégrée, elle apprend l’anglais et a ouvert un restaurant syrien. Mais la sœur de Randa et sa famille se trouvent toujours au Liban, et elle souhaite plus que tout qu’ils soient réunis. Le groupe de parrainage qui a aidé à faire venir les Alftih aide aujourd’hui la famille de Randa à venir au Canada – avec l’appui d’enfants généreux.

Lorsque les élèves d’une classe de CE2 de l’école primaire du quartier ont entendu l’histoire des Alftih, ils ont organisé diverses activités pour collecter des fonds afin d’aider la sœur de Randa et sa famille à venir au Canada. Ils ont donc organisé un vide-grenier, une vente d’articles et d’œuvres généreusement cédés par des commerces et des artistes de la ville, une vente à l’école de pizzas pour un dollar, et plusieurs élèves ont même demandé à ce qu’un don soit fait au lieu de leur cadeau d’anniversaire. Et cela a porté ses fruits : les enfants ont contribué à réunir au final la somme de 5 000 dollars nécessaire pour faire venir la sœur de Randa et sa famille.

La famille d’Ahmed et Debbie Rix

Debbie Rix, de Toronto, affirme que la photo du corps sans vie d’Alan Kurdi, trois ans, sur une plage de Turquie, l’a tellement émue qu’elle a décidé d’agir. Elle a monté un groupe de parrainage réunissant une cinquantaine de personnes et en moins d’un an, ils ont récolté des milliers de dollars canadiens et se sont frayés un chemin à travers le labyrinthe bureaucratique afin d’accueillir une famille du sud de la Syrie : Ahmed*, son épouse Razan, leurs enfants Aya, sept ans, et Raed, cinq ans, ainsi que la sœur d’Ahmed, Hoda, ses garçons Louai, 17 ans, et Wael, 13 ans, et la grand-mère Khadija.

Ahmed était propriétaire d’un restaurant en Syrie et participe aujourd’hui à un programme de formation de six semaines dans l’hôtellerie, avec son neveu Louai, au Ritz-Carlton de Toronto. Ce programme est spécialement conçu pour apporter aux réfugiés des compétences professionnelles cruciales. Ahmed espère pouvoir ouvrir un jour à Toronto un restaurant syrien. Les autres adultes de la famille apprennent l’anglais et les enfants grandissent bien, y compris Adam, sept mois, qui est né au Canada. Debbie décrit sa relation avec la famille comme une relation sur le long terme, et affirme : « Nous en sommes d’autant plus riches. »

Mohamed et Yahya

Mohamed, 27 ans, originaire de Somalie, et Yahya*, 26 ans, originaire du Soudan, sont parrainés par un groupe qui a choisi de venir en aide à de jeunes hommes africains célibataires, qui bénéficient d’une moindre attention dans les médias. Mohamed a trouvé un emploi dans une clinique de Toronto en moins de deux mois, ce qu’il attribue au soutien de son réseau de parrainage. Il pense que d’autres États devraient suivre l’exemple du parrainage mis en place au Canada : « C’est un projet qui marche, a-t-il déclaré. Ce projet est unique. »

« Dans ma culture, il y a un proverbe qui dit que l’on entre dans un coeur ouvert mais pas par une porte ouverte. Alors si vous voyez une porte ouverte, vous ne la franchissez pas, vous le faites seulement si la personne qui est là a un coeur ouvert. Je pense qu’avoir un grand cœur, c’est la première chose qui motive les gens pour parrainer d’autres personnes.  » 

Alan et Gyan

Alan et Gyan Mohammed, fans inconditionnels du Real Madrid, ont tous deux travaillé comme enseignants dans leur ville natale d’Al Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, avant de devoir fuir l’avancée de l’EI en 2014. Le frère et la sœur souffrent tous deux de dystrophie musculaire et se déplacent en fauteuil roulant. Au cours de leur éprouvant périple vers l’Europe, ils ont été sanglés sur les flancs d’un cheval pour franchir les montagnes et ont été sauvés d’un naufrage par les garde-côtes grecs.

Au terme d’un périple de près de trois années, Alan et Gyan ont désormais le statut de réfugiés en Allemagne, se mettent à apprendre l’allemand, sont entourés de leur famille et attendent un logement adapté aux personnes souffrant de handicap. Cette année, ils ont eu des billets pour le quart de finale de la Ligue des Champions à Münich, où ils ont pu admirer Cristiano Ronaldo marquer son 100e but. Pour Alan, le rêve est devenu réalité.
Stratis et Giorgios, habitants de Lesbos

Stratis Valamios, pêcheur de 42 ans, vit avec sa famille dans le petit village de Skala Sykamias, qui se trouve en première ligne de la crise des réfugiés. Stratis travaille également dans un restaurant durant l’été. Depuis 20 ans, il a sauvé des milliers de réfugiés arrivant à Lesbos par bateau, et a participé à des opérations de sauvetage durant des naufrages qui ont causé la mort de nombreux réfugiés, dont des enfants. Stratis a été témoin d’événements traumatisants, mais il est déterminé à continuer d’apporter son aide. Il affirme : « Les humains doivent considérer leurs congénères comme des êtres humains. Ils ne doivent pas avoir peur. Des milliers de personnes sont arrivées ici et aucune ne nous a fait de mal. »

Giorgos Sofianis, éleveur de 55 ans, vit lui aussi à Skala Sykamias. Son élevage de moutons se trouve près d’une plage où des milliers de réfugiés ont débarqué. Giorgos aide les réfugiés qui arrivent devant sa ferme depuis 2008, en leur fournissant un abri, de la nourriture et des vêtements secs et chauds. Il assure qu’il est fier de son île et de l’aide que ses habitants apportent aux réfugiés.

*Les noms ont été modifiés afin de protéger l’identité des personnes rencontrées.

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