Nouvel an iranien : mobilisés pour les prisonniers d’opinion

Ce vendredi 22 mars, à l’occasion du Nowrouz, le Nouvel an perse, des militants d’Amnesty International se sont rassemblés devant l’ambassade d’Iran pour manifester leur soutien aux prisonnier·e·s iranien·ne·s injustement incarcéré·e·s dans le pays, à l’instar de Hamid Babaei et d’Ahmadreza Djalali, respectivement étudiant et enseignant dans des universités belges, et de Nasrin Sotoudeh, avocate dont la peine d’emprisonnement a récemment été alourdie et assortie de 148 coups de fouet.

Pour célébrer Nowrouz, de la musique, de la poésie et de la nourriture persanes ont été proposées aux participants. Afin de symboliser l’absence auprès de leurs proches de six prisonnier·e·s iranien·ne·s, six chaises vides ont été disposées autour d’une table traditionnelle typique du Nouvel an perse, sur laquelle ont été placées les photos des absent·e·s. Différent·e·s intervenant·e·s ont pris la parole pour évoquer la situation des prisonnier·e·s mis·e·s à l’honneur, tandis que, symbolisant le combat de Nasrin Sotoudeh contre les lois relatives au port obligatoire du hijab, des militantes porteront un foulard au bout d’un bâton.

« À l’occasion de Nowrouz, nous voulons faire savoir aux autorités iraniennes que nous ne tolérons toujours pas qu’elles emprisonnent injustement des hommes et des femmes. Nous n’oublions ni Hamid, ni Ahmadreza, ni Nasrin, ni tou·te·s les autres qui, en raison des pratiques honteuses de l’Iran en matière de justice, sont détenu·e·s dans des conditions inhumaines, loins de leurs proches, en ce jour de fête », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Parallèlement, une nouvelle pétition a été lancée sur le site de l’organisation en soutien à Nasrin Sotoudeh. Amnesty International demande notamment que l’avocate soit libérée immédiatement et sans condition, et que sa condamnation soit annulée sans délai.

Nasrin Sotoudeh est une éminente avocate spécialisée dans la défense des droits humains et des droits des femmes. Déjà condamnée en 2016 à cinq ans d’emprisonnement, elle a récemment été déclarée coupable « d’incitation à la corruption et à la prostitution » et d’avoir « commis ouvertement un péché [...] en se présentant en public sans hijab », ce qui a alourdi sa peine de 33 ans. Elle devra subir par ailleurs 148 coups de fouet. Parmi les activités citées à titre de « preuves » contre elle figurent notamment le fait qu’elle se soit opposée au port obligatoire du hijab, qu’elle ait retiré son foulard lors de visites en prison, défendu des femmes ayant manifesté pacifiquement contre le port obligatoire du hijab.

Hamid Babaei est un doctorant iranien en gestion/économie à l’Université de Liège. Il a été condamné en Iran le 21 décembre 2013 à six ans d’emprisonnement pour « atteinte à la sécurité nationale par la communication avec des États hostiles », en l’occurrence la Belgique, après avoir refusé d’espionner des étudiants iraniens vivant en Belgique pour le ministère des Renseignements. Amnesty International considère Hamid Babaei comme prisonnier d’opinion et milite depuis plusieurs années pour sa libération.

Ahmadreza Djalali est un médecin iranien, professeur invité à la VUB, condamné à mort pour espionnage en 2017, suite à un procès inique et entaché de torture. Les dernières nouvelles concernant ses conditions de santé sont alarmantes. Amnesty International demande notamment qu’il ait accès à des soins médicaux professionnels adéquats et l’annulation de sa condamnation à mort.

D’autres prisonnier·e·s ont également été mis·e·s à l’honneur : Narges Mohammadi, éminente défenseure des droits humains condamnée en 2016 à 16 ans de prison ; Atena Daemi, activiste militant contre la peine de mort condamnée en 2016 à sept ans de prison ; Arash Sadegi, activiste pour les droits humains et prisonniers politiques, condamné à 19 ans de prison pour ses activités militantes.

Complément d’information

En Iran les procès sont généralement iniques y compris ceux aboutissant à une condamnation à mort. Les représentants de l’État qui exercent des pouvoirs judiciaires, notamment les agents du ministère du Renseignement et les gardiens de la révolution, bafouent systématiquement les garanties d’une procédure régulière, comme les dispositions protégeant le droit d’être assisté d’un avocat dès le moment de l’arrestation et durant l’enquête et le droit de garder le silence. Des « aveux » obtenus sous la torture sont en outre retenus à titre de preuve lors des procès.

Les détenus ne sont pas libres de consulter les avocats de leur choix. Ces derniers se voient le plus souvent refuser l’accès à l’ensemble du dossier de leur client et ne sont autorisés à le rencontrer que peu de temps avant le procès. Les prévenus sont par ailleurs souvent maintenus à l’isolement pendant de longues périodes et n’ont que peu, voire pas, de possibilité d’entrer en contact avec leurs proches ou leur avocat.

Les prisonniers sont également privés de soins médicaux adaptés et détenus dans des conditions cruelles : placés dans des cellules surpeuplées, mal nourris et sans accès à l’eau chaude. Certains d’entre eux ont entamé une grève de la faim pour protester contre ces conditions inhumaines ; en guise de représailles ils ont été privés de soins médicaux, placés à l’isolement et inculpés de nouvelles charges.

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