« Alors qu’Amnesty International fête cette année son 60e anniversaire, notre organisation n’a parallèlement jamais été aussi jeune et en connexion avec son époque. Depuis l’année de sa fondation, jamais les droits humains n’ont été autant attaqués, et ce, partout sur la planète, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty international. Cependant, à ces assauts, répondent des voix qui résistent, auxquelles continue de se joindre Amnesty International, qui multiplie sa présence sur de nombreux fronts, dont certains sont tout à fait caractéristiques de notre époque, comme la lutte contre les violences sexuelles et la sensibilisation au consentement. »
Autre source de préoccupations très contemporaines : les logiciels de cybersurveillance malveillants, tels que Pegasus, développé par NSO Group. Une grande enquête menée par plus de 80 journalistes et coordonnée par Forbidden Stories, avec le soutien technique d’Amnesty International, a ainsi révélé des fuites massives concernant 50 000 numéros de téléphone désignés comme cibles potentielles du logiciel espion Pegasus, lequel a été utilisé pour favoriser des atteintes aux droits humains à grande échelle partout dans le monde.
« Acheter une bougie et l’allumer le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, c’est déjà poser un acte concret en faveur de la défense de ces droits si précieux et, in fine, protéger notre humanité »
« Grâce au soutien de la part de milliers de sympathisant·e·s dont nous avons bénéficié, nous avons pu mener de très nombreuses enquêtes, qui ont révélé de terribles violations des droits humains et ont mobilisé l’attention de la communauté internationale. Parmi les plus choquantes, citons l’utilisation du viol et d’autres formes de violence sexuelle comme arme de guerre au Tigré, en Éthiopie ; la soumission à la torture, au viol, et aux disparitions forcées de réfugié·e·s syrien·ne·s rentré·e·s au pays après s’être réfugié·e·s à l’étranger ; ou encore l’emprisonnement, la torture et les persécutions à grande échelle orchestrés par l’État chinois, qui s’apparentent à des crimes contre l’humanité, à l’encontre des minorités ethniques à majorité musulmane du Xinjiang », explique encore Philippe Hensmans.
Le combat d’Amnesty international en faveur des droits humains a également eu lieu en Belgique tout au long de cette année. Parallèlement à la poursuite de la grande campagne lancée en 2020 contre le viol et les violences sexuelles, l’organisation a notamment continué à exiger de la Belgique qu’elle cesse (la Wallonie, en particulier) de transférer des armes à des pays qui violent les droits humains et qu’elle prenne des mesures pour lutter contre le profilage ethnique au sein de la police.
Les droits des aîné·e·s ont également fait l’objet de nombreuses initiatives de la part d’Amnesty international. Ainsi, une pétition (lancée en collaboration avec dix autres organisations) signée par plus de 15 000 personnes en Belgique francophone demandant que soient garantis le respect des droits humains des résident·e·s dans les maisons de repos et maisons de repos et de soins (MR/MRS) a été remise à Alain Maron et Christie Morreale, ministres en charge de la Santé respectivement à Bruxelles et en Wallonie, et transmise aux autorités fédérales.
« En septembre dernier, nous avons aussi lancé une nouvelle campagne destinée à lutter contre l’âgisme envers les aîné·e·sdans notre société en rendant publics les résultats d’un sondage très interpellant. Réalisé par l’institut Ipsos à la demande d’Amnesty international, il a notamment mis en évidence qu’un·e aîné·e sur quatre est confronté·e à au moins un type de maltraitance et sept aîné·e·s sur dix victimes de préjugés en raison de leur âge en Belgique francophone. Cette campagne se poursuivra en 2022 avec pour objectifs, notamment, de sensibiliser la population à l’âgisme interpersonnel et de pousser les autorités fédérales, régionales et locales à prendre des mesures concrètes et ciblées contre l’âgisme institutionnel », indique Philippe Hensmans.
L’année qui arrive étant également celle de la prochaine Coupe du monde de football, au Qatar, Amnesty International poursuivra son travail de mobilisation et de mise sous pression vis-à-vis des autorités qatariennes et de la FIFA pour que les droits des travailleurs migrants soient effectivement améliorés et respectés.
« La nouvelle année qui débutera dans quelques semaines sera à n’en point douter riche de défis en matière de défense des droits humains. Afin de les relever, il est indispensable que nous joignions nos forces et concentrions nos efforts pour protéger ces droits qui nous protègent toutes et tous et que consacre la Déclaration universelle des droits de l’homme. Acheter une bougie, également sur notre boutique en ligne et l’allumer le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, c’est déjà poser un acte concret en faveur de la défense de ces droits si précieux et, in fine, protéger notre humanité », insiste Philippe Hensmans.
Toujours dans l’optique d’agir de manière concrète pour les droits humains, Amnesty International appellera également le public à participer massivement au Marathon des lettres, le plus grand événement mondial en faveur des droits humains. Cette campagne, qui consiste à écrire le plus de lettres et de message de soutien possible (ainsi qu’à signer des pétitions) en faveur de personnes injustement incarcérées ou persécutées, se déroulera également à Bruxelles et en Wallonie autour du 10 décembre.
Cette année, Amnesty International réclamera justice pour 10 nouvelles personnes et groupes qui font preuve de courage, dont une journaliste citoyenne incarcérée en Chine pour avoir publié des informations sur la pandémie de COVID-19, un défenseur de l’environnement emprisonné au Guatemala pour avoir fait campagne contre la destruction de l’un des fleuves sacrés de son pays, une adolescente reporter vivant en Cisjordanie occupée et une Mexicaine qui défend les droits des femmes et a survécu à une fusillade de la police.