Nouvelle éruption de violence en Côte d’Ivoire où des groupes armés s’affrontent

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

12 janvier 2011

Amnesty International a annoncé qu’une nouvelle flambée de violence risquait d’avoir lieu en Côte d’Ivoire à la suite de l’élection présidentielle controversée, alors que des affrontements armés qui comptent parmi les pires à ce jour ont éclaté à Abidjan aujourd’hui (mercredi 12 janvier).

L’organisation a appris que cinq membres au moins des forces de sécurité ont été tués en début de matinée lors de heurts avec des civils armés dans le quartier d’Abobo, à Abidjan, bastion du Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, candidat à la présidence.


« L’affrontement armé de ce matin est le plus grave qui soit survenu à Abidjan depuis l’élection présidentielle de novembre 2010, et pourrait plonger la Côte d’Ivoire dans un conflit armé. Il existe un risque réel pour que la population se retrouve sous le feu des combattants des deux camps »
, a expliqué Salvatore Saguès, responsable des recherches sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

Un témoin, dont le nom ne peut être donné pour des raisons de
sécurité, a fait ce récit à Amnesty International : «  Vers minuit, j’ai entendu des tirs nourris. Aucun de mes voisins n’est sorti. Ce matin, près de la gare routière d’Abobo, j’ai vu trois véhicules militaires incendiés et le cadavre d’un homme des forces de sécurité. »

Les affrontements font suite à la mort violente d’au moins quatre personnes à Abobo hier matin (mardi 11 janvier) lors de heurts entre les habitants et les forces de sécurité qui essayaient de mener des fouilles dans les maisons. Par ailleurs, deux policiers au moins auraient été tués.

Les homicides d’hier ont eu lieu alors que de jeunes habitants du quartier édifiaient des barricades, jetaient des pierres et tiraient des coups de feu lors de heurts avec les forces de sécurité.

Deux personnes ont été tuées par la Brigade anti-émeute (BAE) lors de
fouilles de maisons par les forces de sécurité. D’autre part, deux frères
auraient été abattus dans la rue, selon certaines informations.

« Si elles peuvent légitimement se défendre lorsqu’elles estiment leur vie
menacée, les forces de sécurité ne peuvent commettre des homicides
illégaux de personnes désarmées, chez elles ou dans la rue »
a
affirmé Salvatore Saguès.

Un témoin a raconté à Amnesty International : « J’ai vu des hommes des
forces de sécurité se rendre chez Lamine Ouattara, un retraité. Quand ils ont frappé à la porte, Lamine a refusé d’ouvrir. Les hommes en uniforme ont escaladé la clôture, l’ont fait sortir de force et l’ont tué par balle devant chez lui. »

Un homme de moins de trente ans a reçu une balle dans le dos pendant qu’il partait de sa maison en courant. Mamadou Koné allait chercher de l’aide dans un ensemble d’habitations lorsque les forces de sécurité l’ont tué.


« Les hommes des forces de sécurité frappaient une femme qui pleurait, a
rapporté un témoin à Amnesty International. « L’un d’eux a posé le pied sur la tête de cette femme et a braqué son arme sur elle. Lorsqu’ils ont vu Mamadou Koné qui saignait et appelait au secours, ils ont visé sa gorge à bout portant et l’ont tué. »

Plusieurs témoins ont indiqué à Amnesty International que les forces de
sécurité ont pillé les maisons dont elles effectuaient la fouille,
s’emparant d’argent et de biens, notamment de téléphones mobiles.

Alassane Ouattara est reconnu, sur le plan international, comme le vainqueur du scrutin présidentiel de novembre 2010, mais le président sortant, Laurent Gbagbo, a refusé de lui céder la place, déclenchant ainsi des hostilités qui se poursuivent.

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