Ouganda. Le nouveau gouvernement doit accorder la priorité aux droits humains

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

10 mai 2011

Au moment où le président Yoweri Museveni forme son nouveau gouvernement et entame son nouveau mandat, Amnesty International l’exhorte à prendre des mesures afin d’améliorer le bilan inégal de l’Ouganda en termes de droits humains.

L’organisation a publié mardi 10 mai un Programme pour les droits humains en Ouganda, qui cible neuf domaines auxquels le gouvernement ougandais doit accorder la priorité en vue d’améliorer la situation.

« Bien que l’on note des avancées en matière de respect des droits fondamentaux en Ouganda depuis la dernière élection de 2006, le gouvernement doit encore se pencher de toute urgence sur plusieurs problèmes inquiétants, a indiqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

« À la veille de ce nouveau mandat, le président Yoweri Museveni a l’occasion de s’engager fortement et publiquement à améliorer la situation des droits humains dans l’ensemble du pays et nous l’exhortons à s’en saisir. »

Amnesty International a pointé du doigt les restrictions actuellement imposées aux droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique en Ouganda, auxquelles le gouvernement doit s’attaquer de manière prioritaire.

Les autorités doivent lever sans délai l’interdiction totale de toute forme de rassemblement public et de manifestation, en vigueur depuis la fin des élections générales de février 2011. Les rassemblements appelant les Ougandais à se rendre à pied à leur travail, qui ont débuté le 11 avril, ont été réprimés en recourant à une force excessive, notamment en usant d’armes à feu contre des foules qui ne représentaient pas de menace imminente de mort ni de blessure grave. Au moins 10 personnes ont été tuées et des dizaines blessées.

« Le président Yoweri Museveni doit prendre sans délai des mesures visant à améliorer la liberté d’expression en Ouganda. Les détracteurs présumés du gouvernement sont en butte à des actes de harcèlement et d’intimidation, a déploré Michelle Kagari. Il convient de retirer le projet visant à amender la loi sur la presse et les journalistes et de respecter le droit de manifester de manière pacifique. »

Par ailleurs, Amnesty International déplore que la torture et les mauvais traitements demeurent monnaie courante aux mains des membres des services de sécurité ougandais.

Au cours des dernières années, et notamment en 2010, Amnesty International, la Commission des droits humains en Ouganda et d’autres organisations non gouvernementales (ONG) ougandaises et internationales ont recensé plusieurs cas où des responsables de l’application des lois ont soumis des détenus à des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

En 2010 également, à Karamoja, des dizaines de personnes auraient été tuées dans des circonstances douteuses au cours d’opérations de sécurité et de désarmement menées par l’armée ougandaise dans la région. Les soldats du gouvernement sont accusés de torture et de mauvais traitements durant ces opérations.

« Le nouveau gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur toutes les informations faisant état d’homicides illégaux, d’actes de torture et de mauvais traitements, a affirmé Michelle Kagari. Toute personne impliquée dans ces violations des droits humains ou d’autres événements doit être amenée à rendre des comptes dans le cadre d’un procès équitable. »

Par ailleurs, Amnesty International est vivement préoccupée par la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle réelle ou présumée. Au cours des dernières années, et notamment en 2010, certains médias ougandais ont exacerbé l’homophobie en publiant les noms et les photographies de personnes qui, selon eux, étaient lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres. Ces photos étaient accompagnées de messages incitant à user de violence contre les personnes citées.

Plusieurs personnes ont alors été la cible de violences, d’intimidation et de harcèlement au sein de leur foyer et de leur communauté. Amnesty International a rassemblé des informations sur des cas d’arrestations arbitraires, de détention, de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles ou transgenres en Ouganda.

« Ces violations des droits humains ont été commises en invoquant les dispositions actuelles du Code pénal ougandais. Le gouvernement n’a guère pris de mesures pour les prévenir. Il a même parfois attisé ces attaques, a expliqué Michelle Kagari.

« Le nouveau gouvernement doit condamner publiquement cette discrimination et mettre un terme aux menaces et aux violences que subissent certaines personnes en raison de leur orientation sexuelle réelle ou présumée. »

Une autre question qui requiert l’attention du gouvernement concerne le respect des droits humains dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Si les auteurs des attentats de Kampala de juillet 2010 doivent être traduits en justice, la procédure judiciaire doit se dérouler en respectant pleinement les droits fondamentaux.

Parmi les violations des droits humains figurent le transfert illégal de suspects depuis le Kenya, la détention au secret et les mauvais traitements infligés à certains suspects. En outre, le gouvernement continue de restreindre indûment le travail des défenseurs des droits humains qui s’intéressent au respect des droits de ces suspects.

« Certains groupes de la population ougandaise, comme les femmes, les journalistes et les minorités sexuelles, ne bénéficient pas de la protection qu’ils sont en droit d’attendre de leur gouvernement, a poursuivi Michelle Kagari.

« Le nouveau gouvernement doit leur tendre la main et leur offrir la sécurité que leur garantit la Constitution ougandaise, ainsi que les traités régionaux et internationaux relatifs aux droits humains auxquels l’Ouganda est partie. »

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