Ouganda. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles et transgenres dans la ligne de mire

Amnesty International a fermement condamné ce mardi 29 août le fait que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres étaient prises pour cibles et victimes de manœuvres d’intimidation en Ouganda. L’organisation est en particulier préoccupée par les informations faisant état du harcèlement dont ont été victimes de telles personnes au cours de la semaine dernière. Ces faits sont survenus après la publication, le 8 août, dans le magazine ougandais Red Pepper, du nom de plusieurs hommes présentés comme homosexuels par le magazine.

Dans au moins trois cas, Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles des personnes dont le nom apparaissait dans le magazine ougandais Red Pepper avaient été victimes de harcèlement et d’hostilité de la part de collègues et de proches.

Amnesty International condamne la publication de cet article car elle encourage la discrimination et met les personnes citées en danger. En outre, l’organisation craint que les personnes dont le nom a été donné par le magazine ne soient arrêtées en raison de leur orientation sexuelle alléguée et ne soient traitées de manière humiliante et dégradante en garde à vue.

Ces événements viennent s’ajouter à une série d’atteintes aux droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, qui sont souvent prises pour cibles par les autorités ougandaises. Amnesty International est préoccupée par le fait que la criminalisation par le gouvernement ougandais de l’homosexualité, aux termes des articles 140, 141 et 143 du Code pénal de l’Ouganda, fournit un fondement légal à de tels actes.

Le 20 juillet 2005, un raid a été effectué au domicile de Victor Juliet Mukasa, qui milite en faveur des droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles et transgenres, en son absence. Une personne qui restait chez elle a été arrêtée et soumise à un traitement humiliant et dégradant en garde à vue. Aucun mandat n’a été présenté pour la perquisition du domicile, et la personne arrêtée a été relâchée le lendemain matin sans avoir été inculpée.

Le 5 juillet 2005, le Parlement ougandais a voté en faveur d’une modification de la Constitution disposant que le « mariage n’est légal que s’il est contracté entre un homme et une femme ». Le nouveau texte dispose aussi qu’il « est illégal pour deux personnes du même sexe de se marier ».

En février 2005, le Conseil des médias ougandais avait interdit Le monologue du Vagin, de l’Américaine Eve Ensler, au motif qu’il considérait que cette pièce de théâtre faisait la promotion « d’actes sexuels contre nature ... ou de l’homosexualité ».

En octobre 2004, une station de radio avait dû payer une amende pour avoir accueilli sur ses ondes une émission-débat en direct avec des personnes militant en faveur des droits en matière de sexualité, qui avaient évoqué les discriminations à l’encontre des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles et transgenres en Ouganda et leurs besoins en matière de services liés à la lutte conte le VIH/sida. Le Conseil des médias a infligé une amende d’environ mille euros à la station de radio, en arguant du fait que ce programme était « contraire à la moralité publique » et contrevenait aux lois en vigueur. Après cet incident, des agents des forces de sécurité ont continué de harceler des lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres au point que, dans l’une des principales universités du pays, des défenseurs des droits fondamentaux de ces personnes en sont venus à craindre pour leur propre sécurité.

Amnesty International a appelé le gouvernement ougandais à respecter les dispositions relatives à l‘égalité et au droit à ne pas être victime de discrimination inscrites dans la Constitution, ainsi que l’engagement en faveur du droit au respect de la vie privée et à la non-discrimination figurant dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 2 et 26). Le PIDCP dispose que les États ne peuvent pas restreindre la jouissance des droits humains sur la base de l’orientation sexuelle des individus. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui veille à la mise en œuvre du PIDCP par les États, a exhorté ceux-ci non seulement à abroger les lois criminalisant l’homosexualité mais aussi à inclure l’interdiction de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle dans leur constitution et autres textes fondamentaux.

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