OUZBEKISTAN/KIRGHIZISTAN. L’Ouzbékistan doit mettre un coup d’arrêt aux opérations de retour forcé de réfugiés au Kirghizistan

24 juin 2010

À l’heure où les craintes concernant la persistance de l’instabilité dans le sud du Kirghizistan s’installent, les autorités ouzbèkes doivent stopper le retour forcé de réfugiés vers ce pays, a déclaré Amnesty International le 24 juin.

« Nous prions le gouvernement ouzbek de ne pas expulser de réfugiés venus du Kirghizistan, ni de les contraindre à rentrer chez eux ou de chercher à les en convaincre, jusqu’à ce que ces personnes puissent retourner dans leur pays en toute sécurité », a déclaré Andrea Huber, directrice adjointe du programme d’Amnesty International pour l’Europe et l’Asie centrale.

Malgré les dénégations du gouvernement, la situation en matière de sécurité dans le sud du Kirghizistan reste explosive et instable. La population d’origine ouzbèke vivant dans cette région ne fait pas confiance aux forces de sécurité du Kirghizistan, qui se sont montrées incapables de la protéger et ont été accusées de complicité d’homicide et de pillage.

Les violences meurtrières auraient commencé par des affrontements entre bandes rivales de jeunes kirghizes et ouzbeks le 10 juin, et ont rapidement dégénéré, faisant selon les informations reçues plus de 2 000 morts et des milliers de blessés. Quelque 400 000 personnes auraient fui leur domicile et près de 100 000 auraient gagné l’Ouzbékistan.

D’après les images satellite analysées par l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche, 1 807 bâtiments ont été « totalement détruits » et d’autres gravement endommagés à Och.

Amnesty International a appris que des responsables de camps de réfugiés et des membres des forces ouzbèkes de sécurité du district de Pakhtaabad (Ouzbékistan) forçaient des réfugiés à monter à bord de bus à destination du Kirghizistan.

Un réfugié d’origine ouzbèke a dit à Amnesty International : « Beaucoup d’entre nous ne veulent pas partir, nous craignons pour nos vies, mais nous n’avons pas le choix. »

Des responsables kirghizes se seraient rendus dans des camps de réfugiés en Ouzbékistan afin d’exhorter les personnes s’y trouvant à rentrer chez elles. Un des réfugiés se trouvant dans le district de Pakhtaabad a indiqué à Amnesty International que le gouverneur de la région de Djalal-Abad s’est présenté au camp et a dit aux réfugiés qu’ils devaient tous quitter les lieux avant le 25 juin.

« Les gens ont fui leur domicile parce qu’ils craignaient pour leur vie. Ils ont fui les coups de feu, les incendies volontaires et la destruction. Il est prématuré de la part des autorités kirghizes d’encourager les réfugiés à retourner chez eux avant de pouvoir assurer leur sécurité », a ajouté Andrea Huber.

« Le gouvernement provisoire kirghize semble encourager les réfugiés à rentrer afin de pouvoir procéder au référendum, prévu dimanche 27 juin, portant sur la Constitution et sur le président par intérim, a-t-elle déploré. Les autorités ne doivent pas mettre la vie de milliers de personnes en danger pour des raisons de commodité politique. »

Amnesty International estime que la situation dans le sud du Kirghizistan reste explosive parce que la population d’origine ouzbèke pense que le gouvernement kirghize ne la protègera pas de nouvelles agressions violentes.

« Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête internationale sur les événements violents qui se sont déroulés la semaine dernière dans le sud du Kirghizistan », a conclu Andrea Huber.

« Seule une enquête internationale sera considérée comme impartiale et crédible par tous les groupes touchés. »

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