Les autorités pakistanaises doivent mener dans les meilleurs délais une enquête impartiale et efficace sur les agressions et les menaces dont ont été victimes des avocats dans l’enceinte de la haute cour de Lahore, ont déclaré la Commission internationale de juristes (CIJ), Human Rights Watch et Amnesty International jeudi 22 juin 2017. Le gouvernement doit défendre l’état de droit et poursuivre en justice les responsables présumés de cette conduite criminelle.
Le 20 juin, lors d’une audience sur une affaire concernant l’enlèvement et la « disparition » présumés d’une jeune femme de 26 ans et de son fils de deux ans, les partisans de l’accusé, un éminent avocat, ont agressé physiquement les avocats de la plaignante, Shabbir Hussain et Usama Malik. Ils ont fait des remarques injurieuses et proféré des menaces à l’égard d’un autre membre de l’équipe de défense de la plaignante, Noor Ejaz Chaudhry. Les agresseurs étaient pour la plupart des avocats et des membres du barreau local.
Ils ont également injurié et menacé Asma Jahangir, avocate défenseure des droits humains bien connue, commissionnaire honoraire de la CIJ et ancienne présidente de l’association du barreau de la Cour suprême. Asma Jahangir, qui n’était pas présente au tribunal, était représentée par ses avocats, Shabbir Hussain, Usama Malik, Mian Liaquat Ali et Noor Ejaz Chaudhry.
« La profession d’avocat est l’un des piliers de l’administration de la justice. Il est très inquiétant que certains avocats, au lieu de s’acquitter de leur responsabilité qui est de faire respecter l’état de droit, usent de menaces et de violence pour tenter de faire obstruction à la justice », a déclaré Ian Seiderman, directeur politique et légal à la CIJ.
En vertu des normes internationales, notamment des Principes de base relatifs au rôle du barreau, le Pakistan est tenu de veiller à ce que les avocats puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans intimidation, entrave, harcèlement ni ingérence indue. Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités.
« Les avocats doivent pouvoir se rendre au tribunal sans craindre d’être agressés ni injuriés avec violence, a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie de Human Rights Watch. Que de tels actes se multiplient au Pakistan, sans que personne n’ait à rendre de comptes, illustre l’incapacité des autorités à faire respecter l’état de droit. »
Il incombe aux conseils de l’ordre des avocats et aux associations du barreau de veiller à ce que les allégations de faute professionnelle visant leurs membres fassent dans les meilleurs délais l’objet d’enquêtes indépendantes et impartiales et, s’il est établi à l’issue d’une audience équitable que des avocats ont enfreint leur code de conduite professionnelle, de veiller à ce que des mesures disciplinaires soient prises à leur encontre. Toute mesure disciplinaire doit être soumise à un examen judiciaire indépendant.
« Menacer et agresser les avocats de la partie adverse est contraire à la loi, mais aussi au code de déontologie de la profession d’avocat, a déclaré David Griffiths, conseiller principal sur l’Asie du Sud à Amnesty International. Les ordres des avocats concernés doivent prendre en compte ces allégations et saisir ces actes condamnables comme l’occasion de contrer la culture de l’impunité qui gangrène jusqu’à la profession d’avocat au Pakistan. »
Complément d’information
En mai 2017, Bilquis Zareena a introduit une requête en habeas corpus auprès de la haute cour de Lahore, en vue de retrouver sa fille Ayesha et son petit-fils Alyan Ali, qui auraient disparu en novembre 2016. La prochaine audience dans le cadre de cette affaire est fixée au 23 juin.