Le 24 décembre 2020, l’Autorité pakistanaise des télécommunications a adressé une notification juridique aux administrateurs de trueislam.com [1], affirmant que le site bafouait la Constitution du Pakistan et qu’ils pourraient être inculpés de blasphème – une infraction pouvant être punie de la peine de mort – au motif qu’ils se désignent comme des musulmans. Les administrateurs du site ont également été menacés d’une amende de 500 millions de roupies pakistanaises (environ 2,6 millions d’euros) s’ils ne fermaient pas le site.
Le site trueislam.com [2] propose des informations générales sur l’histoire et les croyances des Ahmadis, expose le travail accompli par la communauté ahmadie aux États-Unis, notamment les collectes de sang et le soutien aux vétérans, et présente des interviews de chefs de file de la communauté, comme l’acteur Mahershala Ali.
« Les Ahmadis au Pakistan sont depuis longtemps la cible d’attaques systématiques et les gouvernements successifs ont manqué à leur devoir de respecter, protéger et promouvoir leurs droits fondamentaux, contraignant nombre d’entre eux à fuir à l’étranger. Les efforts de l’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) en vue de fermer leur site basé aux États-Unis montrent qu’aujourd’hui encore, il leur est impossible de mener une vie exempte de discriminations, a déclaré Samira Hamidi, directrice adjointe pour la région à Amnesty International.
« Contrôler en ligne ce que les Ahmadis peuvent ou non prêcher, où qu’ils soient, constitue une violation flagrante des obligations légales incombant au Pakistan au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le pays est partie. Nous exhortons la PTA à renoncer à sa campagne ciblée contre les Ahmadis et à faire en sorte que chacun au Pakistan puisse s’exprimer et professer sa religion librement, sans craindre de représailles ni de discriminations. »
« Les Ahmadis au Pakistan sont depuis longtemps la cible d’attaques systématiques et les gouvernements successifs ont manqué à leur devoir de respecter, protéger et promouvoir leurs droits fondamentaux, contraignant nombre d’entre eux à fuir à l’étranger. Les efforts de l’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) en vue de fermer leur site basé aux États-Unis montrent qu’aujourd’hui encore, il leur est impossible de mener une vie exempte de discriminations. »
Selon un communiqué de presse de la PTA en date du 22 janvier [3], l’accès au site trueislam.com [4] est désormais bloqué au Pakistan. Amnesty International a pu voir un courriel adressé par le responsable de la PTA le 27 décembre 2020 à plusieurs serveurs dans le pays, leur ordonnant de supprimer l’accès au site, ainsi qu’à trois autres liés à la communauté ahmadie.
« Le Pakistan est tenu de protéger les droits à la liberté d’expression et de religion, en ligne tout autant que dans les lieux de culte ou dans les lieux publics. Loin de faciliter une telle protection, la PTA étend son influence pour violer les droits des personnes, bien au-delà des frontières du Pakistan », a déclaré Ian Seiderman, directeur du programme Droit et politique à la Commission Internationale de Juristes.
Les administrateurs du site ont déclaré qu’avant de recevoir cette notification, ils ont reçu des courriels de diverses sources proférant des propos haineux.
« J’ai soudain été inondé de messages emplis de haine envoyés par des extrémistes sur ma messagerie. Et quelques jours plus tard, le 24 décembre, la PTA m’a adressé une notification me menaçant de poursuites pénales et d’amendes pour blasphème, et donnant un délai de 24 heures pour supprimer le site trueislam.com [5], a déclaré Amjad Mahmood Khan, avocat ahmadi installé aux États-Unis, qui a été pris pour cible.
« Il est évident que la PTA cherche à poursuivre en justice des citoyens américains qui gèrent un site basé aux États-Unis. C’est un acte inédit qui vise à étendre la portée des abominables lois pakistanaises sur le blasphème à des citoyens américains et c’est une nouvelle limite franchie dans la persécution des Ahmadis de par le monde. »
« La manœuvre visant à étendre la persécution que subissent les Ahmadis au Pakistan à d’autres juridictions témoigne d’une dangereuse escalade. Le gouvernement pakistanais devrait cesser de vouloir contrôler les discours des Ahmadis en dehors du pays et s’attacher à créer un environnement porteur pour la liberté de parole, d’expression et de religion à l’intérieur du Pakistan. »
La notification juridique adressée à trueislam.com [6] s’inscrit dans un bouquet plus large de mesures abusives imposées par la PTA ces derniers mois, qui a notamment envoyé des notifications à Google et Wikipedia pour qu’ils suppriment les « contenus sacrilèges ».
« La manœuvre visant à étendre la persécution que subissent les Ahmadis au Pakistan à d’autres juridictions témoigne d’une dangereuse escalade. Le gouvernement pakistanais devrait cesser de vouloir contrôler les discours des Ahmadis en dehors du pays et s’attacher à créer un environnement porteur pour la liberté de parole, d’expression et de religion à l’intérieur du Pakistan », a déclaré Brad Adams, directeur pour l’Asie à Human Rights Watch.
Complément d’information
Le Code pénal pakistanais établit explicitement des discriminations contre les minorités religieuses et les Ahmadis en leur interdisant de se faire passer indirectement ou directement pour des musulmans. Les Ahmadis se voient interdire de déclarer ou de professer leur foi publiquement, de construire des mosquées ou d’appeler à la prière musulmane. Pour en savoir plus sur les persécutions de la communauté ahmadie au Pakistan, veuillez cliquer ici.
Le 25 décembre 2020, l’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) a publié un communiqué de presse affirmant que des notifications avaient été adressées à Google et Wikipedia. Le 28 décembre, le président de la Haute Cour de Lahore Qasim Khan a ordonné à la police judiciaire fédérale du Pakistan d’adresser des notifications à Google [7], déclarant que la fermeture des sites n’était pas suffisante.
Pour obtenir de plus amples informations sur la loi relative au blasphème au Pakistan, veuillez cliquer ici [8].