Rimmel Mohydin, chargée de campagne sur le Pakistan à Amnesty international, a déclaré :
« Les autorités du Pakistan ne doivent pas recourir à une force injustifiée ni excessive pour disperser des manifestant·e·s qui descendent dans la rue pour exprimer leur mécontentement légitime face à la crise des pannes d’électricité, alors qu’ils continuent de subir les conséquences du changement climatique. Les gens doivent être protégés de la chaleur écrasante, et non chargés avec des matraques et du gaz lacrymogène pour avoir exercé leur droit de manifester.
« Le blocage de la circulation et les perturbations occasionnées ne justifient pas de disperser une manifestation ni de réprimer de toute autre manière le droit à la liberté de réunion pacifique. Les autorités ont l’obligation de faciliter l’exercice de ce droit et de veiller à ce que les personnes puissent exprimer leur mécontentement en toute sécurité et sans crainte de représailles.
« Au moment où les populations les plus vulnérables du Pakistan sont touchées de plein fouet par les vagues de chaleur et le changement climatique non contrôlé, les autorités doivent véritablement écouter leurs demandes et prendre des mesures respectueuses des droits humains pour les aider à s’adapter. Leur réponse aujourd’hui est non seulement regrettable, mais elle illustre en outre une nouvelle fois l’inquiétante escalade de la répression des critiques. »
Complément d’information
Le Pakistan a été confronté à une grave pénurie d’électricité pendant l’un des mois les plus chauds qu’il ait connus. Les habitant·e·s du quartier de Lyari, à Karachi, ont fait état de coupures de courant durant 14 heures, certaines zones semi-urbaines comme Jacobabad étant même alimentées seulement six heures par jour. Le pays subit également une pénurie d’eau, révélatrice des effets du changement climatique.
À Karachi, des personnes ont commencé à manifester contre le manque d’eau et d’électricité au début de la soirée du 27 juin. Selon des informations parues dans les médias, la police a violemment dispersé ce rassemblement à l’aide de matraques et de gaz lacrymogène lorsque les manifestant·e·s ont refusé de cesser de bloquer un grand axe permettant de rejoindre le port.
Amnesty International a récemment publié une nouvelle synthèse expliquant comment et quand les matraques peuvent être employées dans le respect du droit international relatif aux droits humains, en rappelant les principes directeurs de légalité, de nécessité, de proportionnalité et d’obligation de rendre des comptes.
Le Pakistan fait partie des pays les plus exposés au changement climatique. Pour en savoir plus sur les conséquences du changement climatique dans une ville pakistanaise, vous pouvez lire notre rapport intitulé Unliveable for Humans : A Visual Documentation of Life in One of the World’s Hottest Cities.