« L’interdiction totale de diffuser les discours d’un dirigeant de l’opposition et la suspension d’ARY News sont une démonstration inquiétante de la façon dont les gouvernements pakistanais successifs s’en prennent aux voix critiques et utilisent l’autorité nationale de régulation des médias pour menacer la liberté de la presse, Rehab Mahamoor, assistante de recherche sur l’Asie du Sud à Amnesty International.
« Le recours excessif aux interdictions de diffusion d’informations et de médias constitue une violation du droit à la liberté d’expression. La critique des institutions publiques ne saurait être considérée comme un discours de haine, comme l’a laissé entendre la PEMRA. Toute restriction du droit à la liberté d’expression doit se faire au cas par cas et être nécessaire et proportionnée, conformément au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière.
« Le droit à la liberté d’expression est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et protégé par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Pakistan est partie. Les autorités pakistanaises doivent annuler toutes les interdictions générales et cesser de réprimer les journalistes et les médias qui publient des contenus critiques à l’égard du gouvernement. »
Complément d’information
Le matin du 5 mars 2023, l’autorité pakistanaise de régulation des médias a interdit aux chaînes de télévision [1] de diffuser les discours et les conférences de presse d’Imran Khan, accusant l’ancien Premier ministre de s’en prendre aux institutions publiques et de promouvoir la haine. Elle a également suspendu la licence d’ARY News, chaîne d’information privée.
C’est la troisième fois [2] que les autorités interdisent la diffusion et la rediffusion des discours et déclarations à la presse d’Imran Khan sur toutes les chaînes de télévision par satellite depuis que cet ancien Premier ministre a été écarté du pouvoir.
Amnesty International a déjà dénoncé [3] la façon dont les gouvernements pakistanais successifs utilisent la PEMRA pour prononcer des interdictions motivées par des considérations politiques contre des médias dont les tendances politiques diffèrent de celles du gouvernement.