Les autorités pakistanaises doivent demander des comptes à Pervez Musharraf concernant les violations des droits humains commises lorsqu’il était au pouvoir, a déclaré Amnesty International avant un procès essentiel mardi 6 août 2013.
Pervez Musharraf devrait en principe être formellement inculpé devant un tribunal antiterroriste d’Islamabad le 6 août pour association de malfaiteurs et assassinat sur la personne de l’ancienne Première ministre Benazir Bhutto, en décembre 2007.
Des poursuites ont également été ouvertes contre l’ancien dirigeant dans d’autres affaires, notamment celle de l’assassinat du leader nationaliste baloutche Akbar Bugti, en 2006. Les procès liés à ces affaires doivent s’ouvrir plus tard cette année.
« Il est encourageant de voir que les tribunaux prennent la décision d’obliger un ancien chef de l’armée à rendre des comptes pour son implication présumée dans des violations des droits humains et des crimes relevant du droit international commis par le passé. Pervez Musharraf doit cependant être tenu responsable de toutes les violations commises lorsqu’il était à la tête du pays », a déclaré a estimé Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
Amnesty International a recueilli de nombreuses informations concernant les violations des droits humains commises pendant que Pervez Musharraf était au pouvoir au Pakistan (de 1999 à 2008).
« Des centaines, sinon des milliers de personnes, ont “disparu” quand Pervez Musharraf dirigeait le pays, notamment des militants des droits humains qui recensaient les violations commises par les forces de sécurité de l’État et des membres de groupes d’opposition armés. Dans sa dernière année au pouvoir (2007), Pervez Musharraf a aussi réprimé l’appareil judiciaire et les médias indépendants », a ajouté Polly Truscott.
Comme le montrent les informations recueillies par Amnesty International, les forces de sécurité pakistanaises continuent d’être impliquées dans des violations des droits humains (meurtres, disparitions forcées et torture de personnes soupçonnées de terrorisme, de militants politiques et de défenseurs des droits humains), notamment dans les zones tribales du nord-ouest et de la province du Baloutchistan.
« Aucun membre actif ou retraité des forces de sécurité du Pakistan n’a été traduit en justice pour une implication présumée dans ces violations », a déclaré Polly Truscott.
« Il est crucial que Pervez Musharraf, comme tout autre accusé au Pakistan, bénéficie d’un procès équitable, indépendant et impartial, sans recours à la peine de mort. Ses droits doivent être protégés, comme ceux des milliers d’autres suspects qui ont subi des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres violations des droits humains pendant qu’il était au pouvoir ».