Communiqué de presse

Pakistan. Un chrétien condamné à mort en vertu de la législation relative au blasphème

Les autorités pakistanaises doivent immédiatement libérer un chrétien condamné à mort en vertu de la législation du pays relative au blasphème et annuler sa condamnation, a déclaré Amnesty International jeudi 27 mars.

Ce jour-là, Savan Masih, un balayeur de confession chrétienne habitant à Lahore, a été condamné à la peine de mort par pendaison, ainsi qu’à une amende de 200 000 roupies, pour blasphème. Il a été arrêté le 6 mars 2013 après qu’un ami l’a accusé d’avoir tenu des propos blasphématoires au cours d’une dispute.

« C’est une parodie de justice. De sérieux doutes existent quant à l’équité de son procès, et une dispute entre deux amis ne suffit pas à envoyer quelqu’un à la potence. Savan Masih doit être libéré immédiatement et sans condition », a déclaré David Griffiths, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Les lois relatives au blasphème, formulées en termes vagues, ainsi que les enquêtes lacunaires des autorités et les actes d’intimidation imputables à la population et à certains groupes religieux, favorisent la constitution de milices d’autodéfense au Pakistan, en particulier dans l’État du Pendjab (nord-est).

L’arrestation de Savan Masih a provoqué une émeute de deux jours dans son quartier de Lahore, Joseph Colony, où une foule de 3 000 personnes a incendié quelque 200 habitations de chrétiens.

La police avait été avertie de l’imminence de ces attaques mais n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger la population chrétienne. Bien que plusieurs dizaines de suspects aient été inculpés, aucun n’a encore été condamné pour ces faits.

« Les autorités n’auraient jamais dû laisser une émeute détruire l’un des plus vieux quartiers chrétiens de Lahore. Le traitement sévère de Savan Masih au titre de la législation contraste vivement avec l’absence de procès, à ce jour, des personnes soupçonnées d’avoir délibérément mis le feu à des habitations. Il met en évidence la discrimination exercée à l’encontre des chrétiens et des autres minorités religieuses par le biais des lois relatives au blasphème et de la justice pakistanaise en général », a déclaré David Griffiths.

Toutes les personnes présumées responsables des attaques visant des habitations chrétiennes doivent être traduites en justice dans le cadre de procédures équitables excluant le recours à la peine de mort.

« L’absence de poursuites laisserait entendre que l’on peut commettre des atteintes aux droits humains et tenter de les excuser sous couvert de protection des sentiments religieux », a déclaré David Griffiths.

Aux termes de la législation pakistanaise, le blasphème est passible de mort, même s’il ne satisfait pas aux critères définissant les « crimes les plus graves » – seuls crimes pour lesquels le recours à la peine capitale est autorisé par le droit international.

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