Communiqué de presse

Pakistan. Un lynchage à Bahâwalpur rappelle de manière effrayante les dangers des lois sur le blasphème

Les membres d’une foule haineuse qui ont lynché un homme accusé d’avoir enfreint la législation pakistanaise relative au blasphème doivent être traduits en justice de toute urgence, a souligné Amnesty International.

Mercredi 4 juillet, des habitants de Channigoth, une ville du district de Bahâwalpur (province du Pendjab), ont accusé un sans-abri d’avoir brûlé un Coran – une infraction passible de la réclusion à perpétuité.

Des agents de la police locale ont arrêté cet homme (dont l’identité reste inconnue) mais, avant qu’ils ne puissent enquêter sur l’accusation portée contre lui, un groupe de plus d’un millier de personnes s’est rassemblé devant le poste en demandant que les policiers tuent le suspect sur-le-champ.

Après qu’ils ont tenté en vain de calmer la foule, ce groupe a attaqué l’homme, l’a traîné hors du poste et l’a battu à mort. Selon certains témoins, des personnes ont ensuite arrosé son corps d’essence avant d’y mettre le feu.

Au moins cinq membres de la foule et autant de policiers ont été blessés lors de ces heurts.

« Nous reconnaissons l’extrême difficulté à laquelle ont été confrontés les policiers face à plus d’un millier de personnes criant vengeance, a indiqué Polly Truscott, directrice du programme Asie du Sud d’Amnesty International.

« Cependant, leurs efforts n’auront servi à rien si les autorités du Pendjab ne traduisent pas rapidement en justice les responsables présumés dans le cadre de procès conformes aux normes internationales.

Ne pas le faire laisserait entendre que l’on peut commettre des atteintes intolérables aux droits humains et tenter de les excuser sous couvert de protection des sentiments religieux.

Les autorités pakistanaises doivent en outre réformer de toute urgence la législation relative au blasphème afin d’éviter qu’elle puisse être utilisée à mauvais escient pour régler des différends ou permettre à des particuliers de se substituer à la justice. »

Les lois relatives au blasphème, formulées en termes vagues, ainsi que les enquêtes lacunaires des autorités et les actes d’intimidation imputables à des groupes religieux militants, favorisent la constitution de milices d’autodéfense au Pakistan, en particulier au Pendjab.

Parmi les personnes accusées de blasphème, les membres de minorités religieuses sont représentés de façon disproportionnée, même si les musulmans appartenant au courant dominant y demeurent majoritaires.

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