Communiqué de presse

La Papouasie-Nouvelle-Guinée abroge la Loi relative à la sorcellerie mais se rapproche d’une reprise des exécutions

Les nouvelles lois de la Papouasie-Nouvelle-Guinée étendant l’application de la peine de mort à un plus grand nombre d’infractions, qui dénotent une volonté de reprendre les exécutions, constituent une horrible régression, a indiqué Amnesty International mardi 28 mai.

Selon certaines sources, cette législation a été adoptée par le Parlement sans guère avoir été débattue, au cours de la même séance que l’abrogation de la Loi relative à la sorcellerie, un texte controversé qui prévoyait une défense pour les crimes violents si l’accusé agissait pour empêcher des actes de « sorcellerie ».

La peine capitale semble maintenant s’appliquer à une plus longue liste d’infractions, parmi lesquelles les meurtres, les viols et les vols liés à la sorcellerie. De nouvelles méthodes d’exécution sont prévues, notamment l’injection létale, la pendaison, l’électrocution, le peloton d’exécution et la « mort clinique par privation d’oxygène ».

« La Papouasie-Nouvelle-Guinée a fait un pas en avant pour protéger les femmes de la violence en abrogeant la Loi relative à la sorcellerie, mais plusieurs très grands pas en arrière en se rapprochant d’une reprise des exécutions, a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« L’abrogation de la Loi relative à la sorcellerie était attendue depuis longtemps ; elle répond à l’indignation nationale et mondiale face à la violence faite aux femmes au nom de cette législation. Cependant, nous sommes horrifiés que les autorités tentent de mettre fin à une forme de violence en perpétrant une violence cautionnée par l’État. »

Les autorités ont adopté les nouvelles lois concernant la peine de mort à la suite de meurtres brutaux et très médiatisés de femmes accusées de sorcellerie.

Si la peine de mort existait déjà dans la législation en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il n’y a toutefois eu aucune exécution depuis l’indépendance du pays, en 1954. Le gouvernement a annoncé en mai 2013 son intention de reprendre les exécutions dans le cadre d’une politique de prévention de la criminalité, bien que l’effet dissuasif de la peine capitale n’ait pas été démontré de manière convaincante.


« Le fait d’ôter une vie, qu’une personne soit décapitée par des villageois ou exécutée par les autorités, représente une violation toute aussi odieuse des droits humains. Le gouvernement n’a pas tenu compte des appels de la société civile à ne pas recommencer à tuer des prisonniers »
, a souligné Isabelle Arradon.

De nombreux groupes religieux et organisations féministes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi que d’éminentes personnalités politiques, se sont opposés publiquement aux initiatives du gouvernement visant à la reprise des exécutions.

Des milliers de personnes ont manifesté et signé des pétitions pour demander la fin de la violence à l’égard des femmes et de la violence liée aux accusations de « sorcellerie », en excluant expressément le recours à la peine de mort. Les pétitions ont été remises à des représentants de l’État par l’intermédiaire du mouvement national Haus Krai les 14 et 15 mai.

Plus des deux tiers des pays du monde ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. La dernière exécution recensée dans la région Pacifique a eu lieu en 1982 aux îles Tonga. Nauru, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Tonga sont abolitionnistes en pratique, tandis que les îles Fidji ne maintiennent la peine de mort que pour les crimes militaires. Dans tous les autres pays de la région Pacifique, la législation ne prévoit ce châtiment pour aucun crime.

Au moins 10 prisonniers sont actuellement sous le coup d’une condamnation à mort en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

« De plus en plus de pays aujourd’hui se détournent de la peine de mort, en partie parce que rien ne prouve qu’elle ait un effet dissuasif sur la criminalité. En adoptant ces lois relatives à la peine capitale maintenant, la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’apercevra qu’elle est historiquement du côté des perdants », a ajouté Isabelle Arradon.

Amnesty International considère que la peine de mort représente une négation absolue des droits humains et s’y oppose en toutes circonstances et sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur présumé ou la méthode d’exécution utilisée.

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