Le fait que les autorités de Papouasie-Nouvelle-Guinée n’aient toujours pas traduit en justice les assassins d’une femme brûlée vive souligne leur incapacité à traiter les affaires d’agressions liées à la « sorcellerie », a déclaré Amnesty International à l’occasion du premier anniversaire de la mort de cette femme.
Kepari Leniata, 20 ans, a été dévêtue, ligotée, aspergée d’essence et brûlée vive par la famille d’un jeune garçon mort de maladie dans la ville de Mount Hagen. Les agresseurs accusaient la jeune femme d’avoir provoqué la mort de cet enfant en faisant usage de sorcellerie.
« Un an après que l’assassinat de Kepari a fait la une de la presse internationale, il est scandaleux que les responsables des tortures qu’elle a subies et de sa mort n’aient toujours pas été traduits en justice », a déclaré Kate Schuetze, chercheuse sur la région du Pacifique à Amnesty International.
« Compte tenu du nombre d’agressions pour sorcellerie signalées, en particulier contre des femmes, il est clair que les autorités doivent se mobiliser davantage contre ces crimes odieux. Ce type de violence détruit des familles et des communautés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. »
Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles des fillettes, âgées pour certaines de seulement huit ans, avaient été attaquées et accusées de sorcellerie, et des enfants s’étaient retrouvés orphelins après l’assassinat d’un de leurs parents ou des deux à la suite d’accusations de sorcellerie.
Ces traditions préjudiciables contribuent à la discrimination généralisée contre les femmes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Après une visite officielle en Papouasie-Nouvelle-Guinée en mars 2012, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes a déclaré que cette violence était un « phénomène omniprésent », et que la « sorcellerie » servait souvent de prétexte pour masquer les mauvais traitements à l’égard des femmes.
En novembre 2013, Médecins sans frontières (MSF) a déclaré que l’ampleur de la violence contre les femmes dans ce pays constituait une véritable « crise humanitaire ».
En mai 2013, le Parlement papouan-néo-guinéen a pris une mesure positive en abrogeant la Loi de 1971 relative à la sorcellerie. Celle-ci prévoyait des peines moins lourdes pour les personnes coupables d’une agression ou d’un meurtre si elles accusaient leur victime d’actes de sorcellerie. Cependant, malgré cet alourdissement des peines, on signale toujours autant de violences liées à la sorcellerie.
« Le gouvernement doit s’engager à prendre des mesures pour mettre un terme à cette violence systématique contre les femmes, notamment par le biais de l’éducation et en travaillant en étroite collaboration avec les partenaires en charge du développement sur le terrain », a déclaré Kate Schuetze.
Amnesty International appelle le gouvernement papouan-néo-guinéen à mettre en place de toute urgence des mesures destinées à protéger les femmes menacées, notamment en créant des centre d’hébergement et en prévoyant des fonds d’urgence pour aider ces femmes à échapper à la violence.