Le 19 septembre, Diversxs Alto Paraná, un collectif qui défend les droits des personnes LGBTI, a présenté une communication officielle au maire de Hernandarias annonçant l’organisation d’une marche pacifique dans la ville le 29 septembre. La marche était organisée en mémoire de l’homicide de Bernardo Aranda et des violences liées aux enquêtes menées dans le cadre de cette affaire en 1959, pendant la dictature d’Alfredo Stroessner. Le 27 septembre, le maire de Hernandarias a adopté la résolution 3076/19 interdisant la marche au motif que celle-ci était contraire à la « morale publique », et a confirmé la résolution 036/19 déclarant Hernandarias « ville pro-vie et pro-famille ».
« Les résolutions adoptées par l’administration municipale de Hernandarias, au Paraguay, sont clairement le reflet d’une intolérance et renforcent les préjugés sociaux et les retombées néfastes pour les personnes LGBTI. Dans le cadre de notre travail dans différentes régions du monde, nous avons constaté que les mesures de ce type imposées par les autorités contribuent à la stigmatisation et la criminalisation des personnes LGBTI, et entraînent une augmentation de la discrimination, de l’exclusion sociale et des violences contre ces personnes », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
L’administration municipale n’a jamais envoyé de notification officielle à Diversxs ou à Amnesty International, partenaire de l’organisation. Des membres de Diversxs ont seulement pu prendre une photo des résolutions au commissariat, après avoir insisté pour voir le document officiel.
Diversxs a décidé d’organiser la marche, malgré cette décision des autorités locales de l’interdire. Quelques minutes après le début de la mobilisation, le groupe a été agressé verbalement et physiquement par des groupes anti-droits humains, sans que la police nationale n’intervienne pour protéger les droits des manifestants et arrêter les personnes qui les attaquaient. Plusieurs membres de Diversxs qui ont été attaqués ont porté plainte pour que les responsables fassent l’objet d’enquêtes et soient sanctionnés.
Dans le recours en inconstitutionnalité déposé devant la Cour suprême, Amnesty International affirme que les résolutions bafouent les droits aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation pacifique et l’égalité entre les personnes, entre autres. L’organisation a également dénoncé le recours à des arguments de protection de la « morale publique » comme prétexte pour restreindre de manière injustifiée les droits aux libertés de réunion et de manifestation pacifique, particulièrement des personnes LGBTI.
« Les États ont l’obligation de s’abstenir d’imposer des modèles et normes moraux. Nous avons bon espoir que la Cour suprême fasse justice et se prononce en faveur de Diversxs et de toutes les personnes LGBTI du pays en déclarant inconstitutionnelles et contraires au droit international relatif aux droits humains les deux résolutions visées », a déclaré María Teresa Añazco Barudi, présidente d’Amnesty International Paraguay.