Peine de mort. Trois condamnés à mort innocentés appellent à un moratoire mondial sur les exécutions

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

POL 30/027/2007 (Public)

(New York, le 16 octobre) Trois hommes condamnés à mort pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis ont lancé ce mardi 16 octobre 2007 un appel urgent aux États membres de l’Assemblée générale des Nations unies pour qu’ils soutiennent une résolution en faveur d’un moratoire mondial sur les exécutions.

« Condamné à la peine capitale par le gouvernement de mon pays, j’ai été confronté à la mort et je suis ici pour dire à la communauté internationale les terribles souffrances qu’engendre une telle peine et pour leur demander de mettre fin à ce châtiment terrible », a déclaré Edward Admary Mpagi, de l’Ouganda, qui a passé dix-huit années dans le quartier des condamnés à mort. Mpagi, condamné à mort en 1981, était accusé du meurtre d’un homme retrouvé vivant par la suite. S’exprimant lors d’une table ronde organisée par Amnesty International dans le bâtiment de l’Organisation des Nations unies (ONU) à New York avant l’examen d’une résolution en faveur d’un moratoire mondial sur les exécutions, les trois hommes ont mis l’accent sur le fait que des procès inéquitables, des décisions erronées ou des failles dans le système judiciaire pouvaient aboutir à l’exécution d’innocents. Ils ont exhorté les gouvernements du monde entier à cesser de recourir à la peine de mort.

« Il est difficile de décrire ce que l’on ressent à être en prison, dans le couloir de la mort, en se sachant innocent », a déclaré Ray Krone, centième prisonnier condamné à mort aux États-Unis à être libéré après que des tests ADN eurent prouvé son innocence en 2002.
« Tout ce qu’on sait, c’est que ce qui semble être un cauchemar épouvantable est devenu réalité, une réalité dépassant l’entendement. Le système qui a institué la peine de mort aux États-Unis est en panne. Ce qui m’est arrivé peut arriver à n’importe qui. Et ça ne doit pas être comme ça. »

En 1949, les autorités japonaises arrêtaient Sakae Menda pour le meurtre de deux personnes. Les policiers lui extorquèrent ensuite de faux « aveux » sous la torture et, à l’issue d’un procès inéquitable, Sakae Menda était reconnu coupable et condamné à mort. Déterminé à prouver son innocence, il déposa six recours avant de se voir accorder un nouveau procès. En 1983, trente-quatre ans après l’avoir condamné à mort, les tribunaux acquittèrent Sakae Menda, faisant de lui le premier prisonnier japonais condamné à mort innocenté.
« Vivre chaque jour en sachant que vous pouvez être envoyé à la mort à n’importe quel moment, n’importe quel jour, n’importe quel mois est une torture, a déclaré Saka Menda. Être condamné à mort déshumanise et l’effet psychologique sur la personne est considérable. C’est un châtiment terrible que l’on inflige ainsi à une personne et c’est encore plus grave lorsqu’il s’agit d’un innocent. »

Les exécutions au Japon se passent dans le plus grand secret et les prisonniers ne sont généralement pas informés de leur exécution imminente ou le sont le matin même de leur exécution.

S’exprimant devant les Nations unies, Piers Bannister, spécialiste de la peine de mort au sein d’Amnesty International, a déclaré : « Ces trois hommes apportent la preuve saisissante que la peine de mort est infligée dans le cadre de systèmes très imparfaits, quels que soient la culture et les moyens du pays concerné. Personne ne sait combien d’hommes et de femmes innocents ont été exécutés dans toute l’histoire. Mais le risque toujours présent d’exécuter un innocent fournit une raison supplémentaire d’appeler à un moratoire mondial sur les exécutions. »

Notes

  Depuis le rétablissement de la peine de mort aux États-Unis en 1973, 124 condamnés à mort ont été libérés après avoir été innocentés ou parce que leur condamnation reposait sur des preuves insuffisantes.

  À ce jour, 133 pays ont aboli le recours à la peine de mort en droit ou en pratique.

  En 2006, 91 p. cent des exécutions connues ont eu lieu dans seulement six pays : la Chine, l’Iran, le Pakistan, l’Irak, le Soudan et les États-Unis.

  En novembre 2007, l’Assemblée générale des Nations unies (Troisième Commission) se prononcera sur une résolution appelant à un moratoire mondial sur les exécutions.

  Amnesty International appelle la 62ème Assemblée générale des Nations unies à adopter la résolution :

affirmant le droit à la vie et établissant que l’abolition de la peine de mort est essentielle à la protection des droits humains ;

appelant les États non abolitionnistes à décréter un moratoire sur les exécutions comme premier pas vers l’abolition de la peine capitale ;

appelant les États non abolitionnistes à respecter les normes internationales garantissant la protection des droits des personnes passibles de la peine de mort et

prévoyant la présentation, par le secrétaire général, d’un rapport sur l’application du moratoire lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies.

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