Des peines plus dures pour les médecins qui pratiquent l’avortement

À l’approche des grandes manifestations prévues par les organisations de défense des droits des femmes le 29 octobre 2016, le gouvernement sud-coréen doit retirer le projet de loi qui aggraverait la sanction prévue contre les médecins pratiquant des avortements illégaux.

Le 23 septembre, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé la révision de la disposition portant sur les « pratiques médicales inappropriées », qui pourrait aggraver la sanction contre les médecins pratiquant des avortements illégaux – cette sanction passerait d’un mois de suspension de leurs fonctions à 12 mois maximum.

« Cette proposition, si elle est adoptée, ne fera que perpétuer la criminalisation de l’avortement en Corée du Sud, et constitue un recul manifeste dans la lutte pour les droits en matière de sexualité et de procréation des femmes et des jeunes filles. Les décisions concernant leur corps et leur santé doivent être prises par les femmes et les jeunes filles elles-mêmes, en consultation avec les médecins, et non par la classe politique ni des représentants de l’État, a déclaré Roseann Rife, directrice des recherches pour l’Asie de l’Est à Amnesty International.

« Cette nouvelle disposition risque d’avoir un effet paralysant sur les médecins et de saper leur capacité à prodiguer des soins adaptés à leurs patientes, ainsi que des informations et des conseils, mettant ainsi en péril la vie et la santé des femmes et des jeunes filles. »

Après l’annonce, les organisations de défense des droits des femmes ont immédiatement condamné la proposition du gouvernement et l’ont exhorté à s’abstenir d’alourdir les sanctions contre les professionnels de santé, mais aussi à dépénaliser totalement l’avortement. Elles ont également organisé une « manifestation en noir », inspirée des grandes manifestations qui ont lieu en Pologne depuis début octobre.

En Corée du Sud, la loi interdit l’avortement, sauf en cas de viol, d’inceste, de graves troubles génétiques ou si la grossesse met en danger la santé de la femme ou de la jeune fille enceinte. Dans ces cas restreints, l’avortement doit être pratiqué dans les 24 premières semaines de grossesse.

Amnesty International demande aux États de dépénaliser l’avortement en toutes circonstances, afin qu’aucune femme ne soit soumise à des sanctions d’aucune sorte pour avoir demandé ou pratiqué un avortement. Elle s’oppose à la criminalisation des professionnels de santé et d’autres personnes, lorsqu’ils sont arrêtés, détenus, inculpés, poursuivis, déclarés coupables ou soumis à des sanctions uniquement pour avoir fourni ou tenté de fournir des services d’interruption de grossesse.

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