Depuis le début des actions de protestation sociale dans diverses régions du pays, le 7 décembre 2022, au moins 40 personnes, parmi lesquelles des mineur·e·s, sont mortes et des dizaines de civil·e·s et de policiers ont été blessés, pour la plupart par des armes à feu, dans le contexte de la répression des manifestations.
« Le nombre élevé de personnes ayant trouvé la mort, dont 18 ces derniers jours, et la gravité des actes perpétrés requièrent que les autorités jusqu’au plus haut niveau soient amenées à rendre des comptes. Le parquet général doit enquêter sur toutes les personnes présumées responsables, que ce soit directement, ou qu’elles aient ordonné ou toléré ce recours excessif à la force, et par conséquent les homicides arbitraires et blessures graves survenus dans le contexte des manifestations », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
La déclaration de l’état d’urgence, le 15 décembre, ne s’est pas avérée être une réponse adéquate à la crise politique et sociale à laquelle le pays est confronté. Amnesty International et d’autres organisations de la société civile ont au contraire constaté que les violations des droits humains, comme par exemple les atteintes au droit à la vie découlant d’un recours excessif à la force, ou les arrestations arbitraires, sont en hausse.
« Nous déplorons profondément la mort de ces 18 personnes à Juliaca. L’intensification actuelle de la violence au Pérou est inacceptable. La répression étatique contre des manifestant·e·s et la perte de vies humaines aggravent la crise. Nous appelons une nouvelle fois les autorités à respecter pleinement les droits humains. Les forces de l’ordre doivent appliquer les normes internationales relatives au recours à la force. Le peuple ne doit pas payer le prix de la crise politique que traverse le pays », a déclaré Marina Navarro, directrice exécutive d’Amnesty International Pérou.
Amnesty International demande à l’État péruvien de diligenter une enquête exhaustive, indépendante et impartiale dans les meilleurs délais sur les possibles violations des droits humains enregistrées depuis le début des manifestations, afin d’identifier, de poursuivre et de sanctionner les responsables présumés jusqu’au niveau le plus élevé de la chaîne de commandement des forces de l’ordre.
Enfin, Amnesty International demande aux autorités de déployer toutes les ressources disponibles pour assister les personnes blessées et garantir qu’elles bénéficient d’une attention médicale immédiate, et de veiller à ce que le passage des ambulances et le travail de la mission sanitaire soient respectés.