Pérou : réouverture de l’enquête sur les stérilisations forcées de femmes

Les autorités péruviennes doivent mener des investigations approfondies sur les allégations selon lesquelles des milliers de femmes indigènes et de paysannes auraient été stérilisées contre leur gré dans le cadre d’un programme gouvernemental de planning familial, a déclaré Amnesty International le lundi 31 octobre, après la réouverture du dossier.

En effet, des représentants de l’État ont annoncé le mercredi 26 octobre que le parquet avait relancé une enquête sur la stérilisation forcée de plus de 200 000 femmes sous la présidence d’Alberto Fujimori, dans les années 1990.

Les femmes indigènes et les paysannes vivant dans des régions rurales pauvres étaient les principales cibles de ce programme, qui a conduit à la mort d’au moins une femme, María Mamérita Mestanza Chávez. Celle-ci est décédée en 1996 dans le nord du Pérou.

« Nous exhortons les autorités péruviennes à veiller à ce que l’enquête sur les stérilisations forcées de femmes soit rapide, efficace, approfondie, indépendante et impartiale. Toutes celles qui ont été contraintes à subir une telle intervention doivent obtenir pleinement réparation, comme le prévoit le droit international », a expliqué Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

La pratique en question s’inscrivait dans le cadre d’un programme de planning familial qui a été financé par le gouvernement et mis en œuvre lors du dernier mandat du président Fujimori. Celui-ci a été emprisonné en 2009 après avoir été reconnu coupable d’une série d’atteintes aux droits humains.

La politique de contrôle démographique de son gouvernement visait spécifiquement les femmes indigènes et les paysannes des catégories les plus défavorisées de la société. Les personnes chargées de son application préconisaient la stérilisation, en particulier pour ces femmes, en vue d’atteindre les quotas fixés par le gouvernement.

C’est ainsi que des milliers de femmes ont été stérilisées de force, bien souvent sans leur consentement préalable ou contre leur gré.

Les normes internationales reconnaissent à toutes les femmes et les jeunes filles le droit fondamental de choisir librement le nombre, l’espacement et le moment de leurs grossesses. Par ailleurs, les États sont tenus de leur permettre d’accéder à des informations et services de santé en matière de sexualité et de procréation.

Chaque personne a le droit de prendre des décisions concernant la procréation sans être victime de discrimination, de coercition ni de violence. La pratique répandue et systématique de la stérilisation forcée au Pérou peut s’apparenter à un crime contre l’humanité.

« Les atteintes aux droits humains commises dans le cadre du programme de planning familial sous la présidence d’Alberto Fujimori constituent, semble-t-il, une violation des droits en matière de procréation de milliers de paysannes et de femmes indigènes disposant de faibles ressources. » a ajouté Guadalupe Marengo.

« Depuis plus de 10 ans, les victimes et leurs familles attendent que la lumière soit faite sur les raisons de ces agissements. Elles doivent obtenir justice et réparation. Ce premier pas démontrerait que le Pérou du XXIe siècle a vraiment l’intention de mettre fin à la discrimination systématique que les paysannes et les femmes indigènes subissent depuis des décennies. »

Toutes les infos
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit