Communiqué de presse

Philippines. À l’occasion de la commémoration d’un massacre, Amnesty International demande une meilleure protection des témoins

Amnesty International a demandé aux autorités philippines de mettre un terme aux homicides des témoins du massacre de Maguindanao et de leurs familles. Cette demande a été émise à l’occasion de la troisième commémoration d’un meurtre de masse perpétré contre des journalistes.

En 2009, un groupe armé avait tué 57 personnes, dont 32 journalistes, qui traversaient le territoire du puissant clan Ampatuan, dans la province méridionale de Maguindanao, lors d’élections dans le pays.

Depuis, au moins six témoins et des membres de leur famille, ainsi que d’autres témoins potentiels, ont été tués.

« Alors que le système judiciaire peine à traiter ces cas, les survivants du massacre de Maguindanao et leurs familles en subissent les conséquences tous les jours », a déclaré Polly Truscott, vice-directrice de la région Asie-Pacifique pour Amnesty International.

« Certaines personnes vivent sous une menace de mort, tout en cherchant à obtenir justice. »

Esmail Amil Enog, qui a témoigné devant un tribunal qu’il était le conducteur des hommes armés impliqués dans ce massacre, a été retrouvé découpé en morceaux à la tronçonneuse après avoir disparu au mois de mai de cette année.

Alijol Ampatuan, qui, selon les procureurs, voulait identifier les auteurs de ces crimes, a été tué par balle en février. Le même mois, Hernanie Decipulo, un témoin potentiel, est mort en garde à vue. Sa mort a été attribuée à un suicide.

La police philippine a signalé que trois proches de ces témoins avaient été tués cette année.

Myrna Reblando, veuve de l’un des journalistes assassinés, et très active publiquement sur cette affaire, a dû quitter le pays en 2011 après avoir reçu des menaces.

Un autre témoin potentiel, Suwaib Upham, a été tué en 2010.

« Une enquête publique, transparente et indépendante sur ces homicides doit être menée. Par ailleurs, la protection des témoins et de leurs familles doit être renforcée », a ajouté Polly Truscott.

Les chefs du clan Ampatuan, dont plusieurs sont élus par des représentants du gouvernement, ont été mis en accusation à la suite du massacre de 2009, mais aucune poursuite n’a abouti. Sur 197 suspects, 94 n’ont pas été arrêtés. Les procédures administratives visant 62 agents de police potentiellement impliqués dans ce massacre n’ont que peu progressé au sein du ministère de l’Intérieur et du gouvernement local.

« La plupart des procédures concernaient des demandes de libération sous caution. Cela fait trois ans que ce bain de sang a eu lieu, et la nature précise de ces assassinats a été à peine abordée », a déclaré Polly Truscott.

« Ces difficultés à traduire en justice les tueurs de Maguindanao pourraient encourager d’autres responsables de violences politiques. »

Le massacre de Maguindanao est devenu un symbole d’impunité pour les homicides illégaux aux Philippines. Selon la police des Philippines, au moins 60 groupes armés privés n’ont pas été démantelés, ce qui laisse supposer de graves risques de nouvelles violences politiques lors des élections de 2013.

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