« Le gouvernement de Rodrigo Duterte montre du doigt l’une de ses principales détractrices, en portant à son encontre des accusations à caractère politique. Le journalisme courageux de Rappler a contribué à dévoiler la réalité meurtrière de la " guerre contre la drogue " et les milliers d’homicides illégaux de personnes pauvres et marginalisées commis en son nom, a déclaré Nicholas Bequelin, directeur régional pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.
« Maria Ressa est une journaliste distinguée par de nombreux prix. Le président et ses porte-parole ciblent sans relâcheRappler pour ses reportages et le président a personnellement interdit à Maria Ressa d’assister à des conférences de presse au palais présidentiel.
« Les autorités doivent cesser de la harceler et permettre à Maria Ressa et à son équipe de faire leur travail de journalistes. Après l’arrestation et la détention de la sénatrice Leila de Lima en février 2017, qui fustige elle aussi la " guerre contre la drogue " sanglante, voici la dernière mesure prise par ce gouvernement dans le cadre de sa campagne marquée par la répression, l’obstruction et l’intimidation. »
Complément d’information
L’organe de presse Rappler critique régulièrement le président Rodrigo Duterte et son gouvernement, et a publié des enquêtes détaillées sur certaines des milliers d’exécutions extrajudiciaires commises par la police et des personnes armées non identifiées dans le cadre des opérations liées à la lutte contre les stupéfiants.
Maria Ressa a reçu récemment un prix prestigieux pour la liberté de la presse décerné par l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information.
En février, un porte-parole de la présidence a déclaré que le président lui-même avait ordonné au personnel chargé de la sécurité présidentielle d’interdire l’entrée du palais aux journalistes de Rappler Pia Ranada et Maria Ressa.
Un mandat d’arrêt a été décerné après que Maria Ressa et Rappler Holdings, dont elle est la présidente, ont été inculpés de violation du code fiscal en 2015, en lien avec des fonds reçus via les certificats de dépôts philippins, un instrument financier qui permet aux étrangers d’investir dans une entreprise philippine. En janvier 2018, la Securities and Exchange Commission (Commission des opérations boursières) des Philippines a provisoirement annulé l’enregistrement de Rappler au motif qu’il avait enfreint la règlementation relative à la participation étrangère au capital des entreprises en lien avec ce même financement.
Amnesty International avait alors dénoncé cette décision. La Cour d’appel a depuis statué que Rappler et ses donateurs avaient agi en toute bonne foi et que l’ordre d’annulation était excessif.