Philippines. La justice n’a toujours pas été rendue un an après le massacre de Maguindanao

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

22 novembre 2010

Amnesty International a demandé lundi 22 novembre aux autorités philippines de faire le nécessaire pour que la justice soit rendue sans délai dans l’affaire du massacre de Maguindanao, et de supprimer les armées privées qui sont toujours actives un an après les faits.

Le 23 novembre 2009, au moins 57 personnes ont été enlevées et tuées ; les corps ont été retrouvés dans une fosse commune sur une colline surplombant la ville d’Ampatuan dans la province méridionale de Maguindanao. Trente-deux journalistes faisaient partie des personnes tuées.

« La manière dont le gouvernement philippin s’occupera de cette affaire montrera si le président Aquino est déterminé à contenir les armées privées et à mettre fin aux violations des droits humains », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Il incombe au gouvernement de montrer que les Philippines ont la capacité et la volonté de résoudre de manière équitable et définitive ce massacre, qui constitue l’attaque la plus grave dans le monde contre des journalistes. »

Les personnes tuées faisaient partie d’un convoi qui allait assister au dépôt de candidature d’une personnalité locale et qui a été arrêté par un groupe d’une centaine d’hommes armés. L’embuscade avait à voir avec un litige politique de longue date entre des membres de ce groupe et le clan Ampatuan.

Des membres importants du clan local très puissant des Ampatuan ont depuis lors été inculpés en relation avec ces homicides mais les procès n’ont cessé d’être retardés et aucune poursuite n’a été menée à son terme.

L’ancien gouverneur de Maguindanao, Andal Ampatuan Sr., et ses fils Andal Ampatuan Jr. et Zaldy Ampatuan sont en instance de jugement pour ces homicides. Selon de nouvelles sources, sur les quelque 200 personnes impliquées dans les homicides 82 auraient été arrêtées et 114 autres, dont des membres d’armées privées, des membres du clan, des policiers et des militaires de l’armée régulière, seraient toujours libres.

Les procès de Maguindanao ont été marqués par les retards et les querelles juridiques. Il y a quelques jours, la ministre de la Justice Leila de Lima a déclaré qu’elle allait accélérer la procédure, tout en ajoutant que les procès pourraient durer encore six ans.

Un an après le massacre, d’autres armées privées sont toujours actives aux Philippines en application du décret 546 que l’ancienne présidente Gloria Arroyo a signé et fait appliquer en 2006. Ce décret autorise de fait les armées privées en permettant à la police nationale des Philippines d’utiliser des milices et des Organisations civiles d’autodéfense formées de volontaires (CVO) comme « multiplicateurs de force ».

De nombreux membres de l’armée privée du gouverneur Andal Ampatuan font partie des CVO que le gouvernement a mises en place et armées. Le système consistant à autoriser des groupes armés qui sont ensuite utilisés comme armées privées demeure intact.

« Si le président Aquino veut réellement mettre fin à la violence associée aux armées privées, il doit annuler le décret 546 une bonne fois pour toutes, a déclaré Sam Zarifi. Le fait que des armées privées soient toujours en exercice un an après le massacre de Maguindanao constitue un affront pour les victimes et laisse la porte ouverte à d’autres désastres. »

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