« La vice-présidente Leni Robredo s’est servie de sa position pour réclamer des réformes audacieuses et concrètes. Ses propositions visant à mettre un terme à la politique gouvernementale marquée par des homicides généralisés n’ont pas même été examinées, a déclaré Butch Olano, directeur exécutif d’Amnesty International Philippines.
« Chaque semaine, la campagne meurtrière que mène le gouvernement de Rodrigo Duterte contre les pauvres se fissure de plus en plus. En quelques semaines seulement, la vice-présidente Leni Robredo a pu mettre le gouvernement face à l’ampleur choquante de ses crimes. C’est pour cela qu’elle a été renvoyée.
« Pourtant, elle a su saisir cette opportunité. Elle a tenté de sauver des vies et a relayé les voix des Philippins courageux qui, à travers le pays, s’opposent à cette politique meurtrière.
« Il est tout à fait absurde que le gouvernement l’accuse de ne pas répondre aux attentes en moins de trois semaines. Après trois années au pouvoir, le président Rodrigo Duterte lui-même reconnaît que le problème des stupéfiants ne fait qu’empirer. Chaque jour, la pression augmente en faveur d’une nouvelle politique antidrogue fondée sur la santé et les droits humains. »
Complément d’information
Le 24 novembre, la vice-présidente Leni Robredo a été renvoyée de sa fonction au sein du Comité interinstitutionnel de lutte contre les stupéfiants (ICAD), qu’elle coprésidait aux côtés du chef de l’Agence nationale de lutte contre les stupéfiants des Philippines (PDEA).
Elle avait été nommée le 6 novembre. Dans les semaines au cours desquelles elle a occupé cette fonction, elle a réclamé la transparence et l’accès aux documents et aux rapports des services de renseignement. Elle a également demandé au gouvernement de renoncer à la pratique abusive des listes de surveillance des trafiquants et a recommandé l’adoption d’une politique fondée sur la santé.
Critique de longue date de la « guerre contre la drogue », la vice-présidente Leni Robredo a récemment réitéré son opinion selon laquelle cette campagne a échoué, ce qui a conduit la population à demander qu’elle la prenne en mains à la place du président Rodrigo Duterte.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte en 2016, des milliers de personnes ont été tuées dans une vague de violence cautionnée par l’État. Un grand nombre d’entre elles ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires.
En juillet 2019, Amnesty International a publié un rapport intitulé “They just kill” : Ongoing extrajudicial executions and other human rights violations in the Philippines ‘war on drugs’, dans lequel elle révèle que de hauts gradés de la police qui supervisaient des opérations brutales à Manille ont été mutés dans la région de Luçon centrale pour continuer de diriger une violente campagne dans la province. Amnesty International considère que ces homicides ont atteint un tel niveau qu’ils constituent des crimes contre l’humanité.